17 Novembre 2021
Une chronique de Richard
Il y a longtemps, bien avant une certaine pandémie, je vous avais parlé de deux romans de Julie Rivard, mettant en scène un policier d’origine danoise, Henrik Hansen et une jeune enquêtrice oeuvrant au sein d’une brigade spécialisée en analyse de scènes de crime incendiaire. Ces deux premiers romans, « L’affaire Eva Beck » et « L’affaire Léane Cohen » publiés sous l’étiquette « New romance » m’avaient particulièrement plus.
La recette était quand même éprouvée, un policier sympathique, une enquêtrice jeune et jolie, des enquêtes intéressantes, des personnages secondaires crédibles et quelques scènes d’amour que l’on pourrait qualifier d’agréables sans tomber dans un voyeurisme malsain. Ces deux premiers romans de la série étaient pleins de promesses, des romans policiers bien construits, des intrigues bien ficelées, des personnages attachants et complexes. Bref, j’avais bien aimé ces deux premiers tomes.
Et sans vous faire patienter indument, cette troisième enquête de ce duo d’enquêteurs amoureux, répond grandement aux attentes crées par les deux premiers tomes. Et je pourrais même affirmer qu’elle les dépasse. Et pour notre grand plaisir de voyageur frustré par un certain virus, Julie Rivard, avec ce roman, nous transporte en plein cœur de la Nouvelle-Orléans, au son des groupes de musique louisianaise, les deux pieds dans les eaux dangereuses des bayous.
La police d’état de la Louisiane découvre le corps d’une jeune femme dans un marais du Bayou Sauvage de New Orleans ! Après quelques recherches, le lieutenant Wilcox découvre que la victime vient du Québec et qu’une jeune enquêtrice a déjà travaillé sur le cas de cette jeune femme morte. Léane Cohen accepte dès lors de se rendre à la Nouvelle-Orléans pour participer à cette enquête.
Pendant ce temps, à l’autre bout de l’Amérique du Nord, Henrik Hansen étudie les subtilités de l’analyse des scènes de crime par le biais de l’entomologie médico-légale. Passionné par ses études, cela n’empêche pas le beau Danois de s’ennuyer de sa collègue. Alors, quand il apprend que Léane est en Louisiane pour participer à une enquête, il saute dans le premier avion et va la rejoindre. Assurément que ses nouvelles connaissances en analyses entomologiques pourraient être utiles à la résolution de ce meurtre.
Très rapidement, de nouvelles victimes sont retrouvées et tous, dans des milieux humides caractéristiques de ce coin du sud des États-Unis. L’enquête se complexifie, les indices se font rares et les liens entre les victimes sont restreints. La complicité entre le policier louisianais et l’enquêtrice québécoise s’installe instantanément ... avec un regard un peu jaloux de l’amant de la belle Léane. Mais la nouvelle expertise de Hansen sera vraiment utile jusqu’au moment où une révélation viendra changer la donne.
L’enquête sera marquée par quelques rebondissements, sera complexe mais très bien ficelée. Avec une finale, à la hauteur du talent de l’autrice.
En effet, en ce qui me concerne, « L’affaire Lily X » est le meilleur de cette série. Julie Rivard, dans ce troisième roman mettant en scène ses deux enquêteurs, manifeste tout son talent d’écrivaine de polars. Elle exploite parfaitement chacun de ses personnages principaux, l’enquête est bien développée, la toile narrative bien ficelée et le lecteur est happé par l’histoire et la recherche du coupable. On y sent une maitrise des codes du polar qui s’affine de plus en plus.
Tout au long de notre lecture du roman, l'amour que l’auteure porte à ce coin des États-Unis transparait; elle n’a pas choisi la Louisiane pour « faire joli » ! Le lecteur est plongé dans cette cité bien particulière, on y mange louisianais, on y entend de la musique de la Nouvelle-Orléans, on découvre cette ville par l’entremise des personnages qui la visitent, et on sent la moiteur de l’humidité des bayous. On vit, avec Henrik Hansen et Léane Cohen, un « trip louisianais » qui nous donne le gout d’aller le vivre réellement.
Évidemment, il faut parler de l’aspect « New Romance » de cette série qui selon moi est une caractéristique intéressante de ce roman, une valeur ajoutée à une enquête, qui en elle-même est pleinement suffisante. Mais je crois que, pénétrer dans la chambre à coucher de nos enquêteurs, ne peut qu’ajouter un peu de réalisme aux personnages du roman.
Finalement, un dernier mot sur le style d’écriture de l’auteure. Julie Rivard possède une vaste expérience, elle écrit autant des essais que des livres documentaires pour la jeunesse, elle s’adapte à tous ses lectorats avec justesse et rigueur. Dans ses polars, elle y rajoute un sens du suspense, une montée de la tension qui font de ses romans policiers, des lectures plaisantes, distrayantes et tout aussi passionnantes. En plus, son sens de l’humour toujours pertinents et ses dialogues réalistes et efficaces, donnent une touche de légèreté dans des situations qui le sont peut-être moins. Ce qui vient s’ajouter aux qualités de conteuse de l’auteure.
Enlevons la notion de « New Romance » inutilement anglophone pour se dire que ce roman policier, que la série complète, vaut le détour pour le lecteur amateur de polars.
Je vous rappelle donc les titres des trois romans de la série :
Bonne lecture !
L’affaire Lily X
Julie Rivard
Hugo Roman
2021
318 pages