13 Octobre 2021
Une chronique de Richard
Francis Pagliaro, personnage de flic philosophe créé par l’auteur Richard Ste-Marie est un de mes personnages de fiction préférés. Ce policier honnête, sans histoire, amoureux de sa femme et cultivé comme un professeur de CEGEP, charme de plus en plus, les nombreux lecteurs qui ont la chance de le rencontrer, au cours de ses enquêtes.
J’avais beaucoup aimé « L’Inaveu » et je me suis régalé en lisant les deux versions de « Un ménage rouge » (Première apparition de ce sympathique policier) ! Cet exercice, pas du tout désagréable m’avait permis de sentir l’évolution du style et de l’écriture de l’auteur. « Repentir(s) », un de ses romans qui m’avait beaucoup plu, confirmait le grand talent de l’auteur. Richard Ste-Marie était devenu un incontournable de la littérature québécoise.
Son nouveau roman, « Stigmates » est, selon moi, le roman le plus abouti de la série des enquêtes de Francis Pagliaro. Une histoire passionnante, des personnages extraordinairement crédibles, une structure de récit complexe et des référents culturels toujours aussi pertinents. Lire du Richard Ste-Marie, s’est se délecter de tous les possibles, dans un roman haletant et bien documenté.
Mettons la musique de Schubert pour l’atmosphère, assoyons-nous confortablement sur notre siège de lecture préféré et suivons l’enquête de Pagliaro !
Pendant un certain temps, le sergent-détective Francis Pagliaro rend visite en prison à Gaétan Rivard. Dix-neuf fois, il a visité ce bizarre de prisonnier. Ce pharmacien de quartier que tout le monde trouvait gentil, généreux, a avoué le meurtre crapuleux d’une jeune femme. Puis, voyant l’inutilité de ses visites, il a cessé ces rencontres.
Douze ans sont passés quand il reçoit un appel de la prison ; Gaétan Rivard veut le voir. Perplexe, il se rend à sa rencontre et il en ressort avec encore plus d’incertitudes. Le prisonnier lui a remis un dessin d’enfant où on y voit trois personnages. Rivard lui dit que ce dessin va l’aider. Puis, il se terre dans le silence.
Au même moment, il est appelé sur la scène d’un crime, une femme a été tuée, probablement par son conjoint policier et un témoin a assisté au meurtre, le fils de la victime, un petit garçon de huit ans. Un meurtre sordide, un jeune témoin perturbé, un policier impliqué et quelques évidences ; de quoi éveiller la curiosité de Pagliaro.
Puis, la tentative de suicide du prisonnier rencontré par Pagliaro sème le doute en haut lieu. Le policier mélomane reçoit donc le mandat d’éclaircir cette affaire. Cette enquête sur un meurtre qui a eu lieu il y a plus de vingt ans fera découvrir les dessous de l’âme humaine, la déchéance d’un homme ordinaire et le chemin que prend la culpabilité quand l’esprit humain est enfermé dans ses vérités et ses mensonges.
L’enquête sera complexe, la mémoire ayant la triste faculté d’oublier les choses essentielles ou les faits que l’on voudrait bien occulter. Comme un « cold case » ayant déjà condamné un meurtrier, l’enquêteur trouvera quelques lacunes à une enquête où le meurtrier a très rapidement avoué son crime. Mais que s’est-il vraiment passé le soir du meurtre de Florence Lussier et de son fils, Jérémie ! Et que vient donc faire ce dessin d’enfant dans cette enquête ? Plein de questions sans réponses quand le meurtrier a avoué son crime. Mais Pagliaro sondera le passé de ce pharmacien aimé de tout le monde et qui du jour au lendemain, est devenu le meurtrier d’une femme innocente.
Bien sûr, aucun récit d’enquête de Pagliaro ne peut se passer sans la présence de sa conjointe, Lisa ! Les lecteurs et lectrices de cette série la retrouvent avec plaisir. Et dans cette enquête, on la sent encore plus présente. Ce qui fait en sorte que l’humanisme de Pagliaro est exacerbé par cette relation amoureuse.
Cette cinquième enquête de la série Pagliaro est selon moi la meilleure. L’enquête est passionnante, l’auteur nous convie à quelques réflexions sur la culpabilité et la responsabilité, sur la prison réelle et sur celle que l’on se crée dans notre tête. Avec nécessairement une touche culturelle avec des références littéraires, musicales, etc. Une marque de commerce de Richard Ste-Marie pour notre plus grand plaisir.
Cependant, un des éléments marquants de ce roman repose sur le moment décisif où la vie d’une personne ordinaire bascule de l’autre côté du mur du mal, du mauvais bord de la justice. Mais l’auteur aborde également les impacts des personnes qui assistent à des actes de violence extrêmes, plus particulièrement pour les enfants qui vivent cette expérience perturbante. Ste-Marie en profite pour nous parler de cette particularité d’une enquête, ce moment délicat où il faut questionner un enfant. Le faire parler sur les moments traumatisants qu’il a vécus.
Inutile de dire que je vous recommande grandement ce nouveau titre de Richard Ste-Marie. Si vous avez déjà lu un ou deux titres de la série, n’hésitez pas à vous lancer dans la lecture de ces « Stigmates ». Si vous ne connaissez pas l’auteur, alors, partez à la découverte de cet enquêteur atypique ... par son côté humain, philosophe, amoureux de sa femme et presque sans défaut !
Si vous me demandiez une ou deux suggestions parmi la série, sans hésiter je vous conseillerais de lire « L’Inaveu » le deuxième de la série, ensuite « Repentirs » avant de lire « Stigmates ». Mais ceci étant dit, vous auriez presque autant de plaisir à commencer par ce dernier opus et ensuite, partir à la découverte du passé de Francis Pagliaro.
À vous de choisir !
Bonne lecture !
Extrait : un petit pour la route ... « J’aurai peut-être la gueule de bois, mais l’âme de soie et le cœur de velours. » Quand le policier philosophe se transforme en poète amoureux !!!
Stigmates
Richard Ste-Marie
Éditions Alire
2021
341 pages