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8 Mai 2021
Cette fin de semaine, Polar, noir et blanc vous offre un doublé sur le tout dernier roman d'André Marois, "Irrécupérables".
Après le ressenti de Christophe, voici les commentaires de Richard !
Une chronique de Richard
Présent chez les jeunes en littérature jeunesse avec par exemple Le voleur de sandwichs, apprécié par les adolescents pour ses romans frôlant le roman noir et le fantastique, puis connu et reconnu pour ses romans noirs chez les adultes. André Marois est un auteur polyvalent qui s’adresse à tous les publics avec le même talent. Comme il le dit lui-même sur sa page web, « il tire sur tout ce qui bouge » et heureusement pour nous, il atteint toujours la cible.
En 2016, il publiait dans la très bonne collection Héliotrope noir, « Bienvenue à Meurtreville ». Dans ce roman typique du style d’André Marois, il nous faisait visiter Mandeville, une petite ville de province où il ne se passe rien. Évidemment, c’est très mauvais pour les affaires et pour le tourisme. Alors, un « honnête » citoyen prend en main la destinée de son village en le mettant sur la carte, grâce à quelques meurtres bien placés. Tout le monde le sait, les serial killers, ça attire les journaux, la télévision … et les touristes. C’est comme ça que Mandeville est devenu Meurtreville !
Cinq ans plus tard, André nous revient avec « Irrécupérables » le deuxième tome de l’histoire de Mandeville. Événement banal pour ouvrir le roman, le sergent-détective Mazenc que l’on a rencontré dans le premier roman, retrouve, à chaque jour, une canette vide de boisson énergisante. À tous les jours ! Excédé par ce petit désagrément qui a le don de tomber sur les nerfs de notre policier à la mèche courte, il décide de trouver celui qui prend son terrain pour une centre de récupération.
Et là, contrairement à son habitude ou à son karma, il a bien l’intention d’aller jusqu’au bout de l’affaire. De récolter les fruits de son travail méticuleux.
Alors, pendant sa semaine de vacances, il tente de retrouver cet étrange pollueur pour lui apprendre les principes écologiques qui semblent lui manquer. Mais, plus il avance dans son enquête environnementale, plus il s’enfonce dans des affaires beaucoup plus complexes, dangereuses pour lui … et ses vacances.
En faisant le tour des maisons, il tombe par erreur chez deux hommes qui ont surement quelque chose à cacher. Ils le passent à tabac et le pauvre Mazenc doit quitter après s’être fait corriger de belle façon, du genre que les motards appellent des politesses. Le policier venait donc de se mettre la main dans la ruche et les deux abeilles ne le lâcheraient plus.
Poursuivi par ces deux lascars, Mazenc trouvera l’homme qui semble aimer les boissons énergisantes mais fuir les bacs de récupération. Et il se rendra compte très rapidement que le pollueur cache un passé qui semble le poursuivre. En plus, cet homme qu’il recherche lui sauve la vie. Alors, la morale et l’éthique viendront hanter notre antihéros.
Poursuivant son enquête, du petit village de Lanaudière jusqu’à la Côte Nord, il découvrira le monde des véhicules tout-terrain, de la bière qui coule à flots et des malfrats sans scrupules.
Encore une fois, André Marois a su nous présenter une histoire qui accroche le lecteur. Un peu comme la bouteille de Coca-Cola dans Les dieux sont tombés sur la tête, ici, faut être de son temps, c’est une canette vide de boisson énergisante qui est le déclencheur efficace de l’histoire. Haletant, bien structuré, le lecteur se laisse porter par l’action et les rebondissements qui alimentent le récit. On y croit, c’est crédible et totalement efficace.
Et une des forces de l’auteur, réside dans sa galerie de personnages et leurs caractéristiques. Évidemment, on s’attache facilement au sergent-détective Steve Mazenc, ce policier un peu loser mais tellement sympathique. Et comment ne pas aimer les deux personnages de « gros bras » citant dans le texte Sun Tzu, ce grand penseur de la stratégie militaire. Cela donne des échanges hilarants qui allègent le récit sur fond noir du roman. L’humour d’André Marois est thérapeutique !
Évidemment, je vous recommande la lecture de ce deuxième roman sur Mandeville et ses habitants. Lire le premier, n’est pas une obligation pour apprécier ces « Irrécupérables » mais le plaisir en est quand même magnifié.
Alors n’hésitez pas à visiter virtuellement cette belle région de Lanaudière.
Finalement, une suggestion pour compléter la rencontre avec l’auteur André Marois.
Et si comme parents ou grands-parents, vous désirez faire un cadeau de lecture à votre jeune de 8 à 10 ans, je vous recommande "Le voleur de sandwichs" et « L’alerte au feu » deux enquêtes qui se passent dans des écoles primaires et qui mettent en vedette des élèves fort débrouillards. Plaisirs garantis pour petits amateurs de lecture … ou pas !
Bonne lecture
Irrécupérables
André Marois
Éditions Héliotrope Noir
2021
246 pages
P.S. Pour nos amis lecteurs et lectrices français.es, je vous informe que "Bienvenue à Meurtreville" le roman qui précède "Irrécupérables" est maintenant disponible en France, aux éditions Le mot et le reste.
André Marois - Culture et Patrimoine de la MRC de D'Autray
Naissance: 1959-03-21 Originaire de France, André Marois étudie les arts plastiques, le cinéma et la publicité avant d'émigrer au Québec en 1992. Jusqu'en 2006, il travaille comme ...