15 Avril 2021
Une chronique de Sylvie Geoffrion
Fan de personnages de policiers, je salue la naissance du sous-préfet (le titre de commissaire est aboli en Italie) Rocco Schiavone.
Romain (jusqu'au bout des doigts de pieds), déplacé dans le val d'Aoste, à Champoluc, petite station de ski, il est grognon, impatient, bourru, affecté et prétentieux. On ignore encore pourquoi il fut mûté.
Et il est aussi malheureux. On devine un deuil qui dure, un amour perdu pour toujours et dont on ne connait pas encore la raison.
Bon, c'est classique comme récit policier mais bien conçu avec juste assez de rebondissements, de mystère et d'humour pour que l'on aime tourner les pages.
Ce qui plait ? le caractère de cet italien désagréable avec les collègues, méprisant avec les autochtones ou avec finalement tout ce qui n'est pas romain. Séducteur arrogant, sans retenue, mais perclus d'émotions diverses.
Ce qui plait ? Ce portrait étonnamment négatif, ironique de la police italienne, des hommes politiques, de la corruption et des "à-côtés obligés" pour pallier les salaires minables du métier.
Ce qui plait ? La découverte - malgré ces traits de caractères tous plus antipathiques les uns que les autres - d'une forme d'humanité et de recherche de justice sociale qui habite le sous-préfet.
N'est-ce qu'une attitude que se donne Rocco Schiavone ? Peut-être. Mais on aimera bien le détester, en tout cas assez pour le suivre dans ses prochaines enquêtes.
PS: Mais qu'est-ce qu'ils ont tous ces auteurs italiens à être aussi gourmands ? À parler cuisine, recettes, risotto et tutti quanti ...Ils nous travaillent la gourmandise...
Bonne lecture !
Piste noire
Antonio Manzinia
Éditions Gallimard
2016