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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Dans les murs

« Sortez-moi de moi ! »

Une chronique de Richard

« Depuis ce soir-là, une part de moi n’a plus cessé de cogner pour sortir de mon corps, comme un prisonnier aveugle frapperait les murs de sa cellule. »

Je commence rarement mes chroniques par une citation. J’aime mieux donner la parole à l’auteur, à la fin de mon texte, comme pour dire, voici ce que j’ai voulu vous démontrer. Voici les mots de l’écrivain.e; laissez-vous séduire !

Pour « Dans les murs » de Maya Ombasic, je fais une exception. Cette citation, dès les premières pages du roman, est tellement parlante, qu’elle allait de soi, qu’elle devait débuter cette chronique. Pour souligner le style de l’auteure, personnel et poétique et pour marquer son personnage, énigmatique et fascinante.

Laure Capelli quitte Montréal, en laissant son mari et son fils, pour un voyage de recherche. Elle se rend à Trieste pour trouver des manuscrits inédits pouvant l’aider dans ses travaux sur la littérature migrante. Cette ville la fascine depuis son enfance. Envoutante, une de ces villes qui nous habite plus que nous l’habitons. Laure y découvre plus que des vieux manuscrits, elle rencontre Constantin et toute la passion qu’il provoque. C’est le début d’un long voyage à l’intérieur de soi: Constantin à la recherche de son père et Laure, à la recherche de sa propre identité.

Ces quêtes se feront Dans les murs de quelques villes enivrantes, ces errances nous racontent les nostalgies des villes que les deux passionnés parcourent : de Trieste à Istanbul, en passant par Beyrouth, les Îles grecques et Sarajevo… À chaque arrêt, sauf au mont Athos réservé uniquement aux hommes, les deux amants vivront une passion dévorante. Mais le lecteur n’est pas en reste, les descriptions de ces villes aux charmes ensorcelants, sont des poèmes urbains comme seule Maya Ombasic peut nous les révéler.

Voilà ce que l’on retient des romans de Maya, c’est l’esthétique de son écriture, l’harmonie des mots. Son portrait magique des villes … comme des peintures … une suite de tableaux nous montrant l’urbanité, l’âme, l’histoire, l’atmosphère, la culture. Avec sa poésie, on ne visite pas ces endroits, on se laisse imprégner par leur beauté. Elle atteint le même effet avec sa description des scènes d’amour, comme une série de tableaux peints avec les pinceaux de la tendresse.

Dans les murs c’est un amour charnel pour le corps et un amour fusionnel avec ces villes aux parfums bien particuliers.

En lisant Dans les murs, on peut certainement qualifier Maya Ombasic du titre de peintre des mots pour illustrer les émotions. Ou encore mieux, de peintre des phrases, en couleurs, pour nous imprégner du souffle d’une ville, d’un lieu, d’une caresse.

À la fin de notre lecture, il nous reste des sensations, des souvenirs, des images. Des phrases qui nous ont marqués par leur musique et des images qui nous ont fasciné par leur beauté. Inoubliable Istanbul, cet « immense chaudron de larmes et de regrets » ! Étonnant saint Charbel, patron du Liban et ses suintements rosâtres ! Triste, tellement triste, l’histoire de Sarajevo !

Quelques extraits :

« Ce que personne ne nous dit, c’est que dans la logique banale des choses de ce monde, le réfugié doit toujours demeurer à sa place, un peu plus bas que ceux qui l’ont accueilli. »

« L’homme étant un mouton en mal de berger. »

« … d’où vient ce vent au milieu de ton ventre qui souffle pour éteindre les étincelles dans tes yeux. »

« La fleur des pulsions obscures, tenace et vénéneuse, croît toujours dans le jardin de la mémoire archaïque. »

P.S. Si vous ne connaissez pas Maya Ombasic, je vous invite à lire ses recueils de nouvelles, toujours surprenantes mais surtout, Mostarghia, le roman de son odyssée migratoire de la Bosnie en guerre jusqu’à Montréal. Roman enveloppant, un  véritable hommage à son père. Un hommage bouleversant plein de sensibilité et d’amour.

Et surtout, ce témoignage d’un pays perdu que l’on doit quitter sans préavis, et ces arrivées, trop nombreuses et angoissantes dans ces ailleurs inconnus.

Mostarghia, le roman de l’exil mais aussi le roman de l’amour, de la relation tendre entre un père et sa fille. Entre la tristesse et la joie, le bonheur et le drame !

Bonne lecture !

 

Dans les murs

Maya Ombasic

VLB Éditeur

2020

278 pages

 

Mostarghia

Maya Ombasic

VLB éditeur

2016

https://www.leslibraires.ca/livres/mostarghia-maya-ombasic-9782896496747.html
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