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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Le Grand Horloger

Une expérience de lecture bien particulière !

Chandler en a dit que c'était "un tour de force" ...

Une chronique de Richard

Chers lecteurs et chères lectrices, avec ce roman, Le Grand Horloger, écrit en 1946, je vous invite à faire une expérience assez unique. Et ce, pour deux raisons. Premièrement, voici la ré-édition d’un roman culte qui, pour moi, m’était complètement inconnu. Deuxièmement, en ce centenaire de la naissance de Boris Vian, il est bon de souligner que cet artiste multi-disciplinaire, était un aussi bon traducteur qu’un excellent romancier.

Je vous l’avoue, au début de ma lecture, j’ai été légèrement déconcerté par l’atmosphère et l’écriture de ce roman. Un peu comme je me suis senti quand j’ai découvert l’écriture d’Oscar Wilde, à ma première lecture de son chef d’oeuvre, Le portrait de Dorian Gray.  Mais, heureusement, le malaise ne dure pas longtemps. Soyez patient, le premier quart du roman est plus difficile à aborder. Et avec les trois quarts du roman qui reste, votre patience sera largement récompensée.

 

Commençons d’abord par la lecture de la préface de Francis Lacassin (celui que l’on a surnommé « l’homme aux mille préfaces ») qui place ce roman et la traduction de Boris Vian dans une perspective historique. Passionnant ! Soulignant au passage, la passion dévorante de l’auteur de L’écume des jours et de J’irai cracher sur vos tombes pour le roman noir.

 

Journaliste né en banlieue de Chicago en 1902, Kenneth Fearing est reconnu pour sa poésie. Il a écrit sept romans mais le plus connu et évidemment avec le plus de réédition est The Big Clock, traduit par Boris Vian sous le titre de Le Grand Horloger. La structure du roman est assez typique de l’écriture romanesque de Fearing : sept narrateurs différents sur dix-neuf chapitres.

 

Parmi ces narrateurs, on retrouve le narrateur principal, George Stroud dans onze chapitres. Il prend alors la place de personnage principal. Et c’est peu dire, car il sera un peu l’enquêteur et en même temps, il sera l’objet de sa propre enquête et tout cela sous l’ordre de son patron, le vrai criminel. Déjà, juste à la lecture de ce préambule succinct qui ne divulgâche aucunement la finale, j’espère vous avoir donné le goût de lire ce roman.

 

Plus clairement avec moins de mystères, voici un résumé de l’histoire.

 

Goerge Stroud travaille pour un grand conglomérat de presse publiant de multiples revues. Vedette montante de l’entreprise, il sort quelques fois avec la petite amie (maîtresse) de son patron. Un soir, après l’avoir reconduit chez elle, il voit, de loin, son patron entrer avec la belle Pauline. Le lendemain, on apprend que l’amie du patron a été assassinée et George Stroud sait que son patron Earl Janoth est entré avec la victime dans son appartement.

 

L’idée géniale de cette histoire, c’est que Janoth sait que quelqu’un l’a vu entrer dans l’appartement de la jeune fille mais il ne l’a pas reconnu. Il demande alors, sous un faux prétexte, à un homme de confiance de retrouver cette personne. Et cet homme de confiance, c’est George Stroud, celui-là même qu’il doit rechercher. Lui-même ! Alors comment s’en sortira-t-il sans avouer sa liaison avec la victime, en sauvant son mariage et surtout en étant également considéré comme un suspect potentiel.

 

Voilà toute la beauté de cette intrigue !

 

Ce roman est une pure merveille. En plus de nous emberlificoter dans une intrigue superbement bien ficelée, l’auteur nous plonge dans le monde bien particulier du journalisme américain, nous présente un bar-musée où on retrouve tout ce que le monde contient et une peintre excentrique aux talents multiples. Mais aussi, l’Horloge, celle du destin, où chaque avancée de la petite et de la grande aiguille nous ramène à nos propres obsessions, nos peurs viscérales.

 

Amateurs et amatrices de romans noirs et de polars, il faut lire ce chef d’œuvre inconnu de Kenneth Fearing. Au même titre que les grands du romans noirs américains, ce livre, écrit par un poète, mérite le titre de classique du roman noir.

 

Extrait :

« Georgette tourna vers moi sa figure solide, saine et sans apprêt et ses yeux bleu de mer me fouillèrent avec la précision d’un scalpel affectueux. »

 

Bonne lecture et bonne découverte !

 

Le grand Horloger

Kenneth Fearing

Kenneth Fearing

Traduction: Boris Vian

Les éditions Les Belles Lettres

2020

258 pages

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