16 Septembre 2020
Une chronique de Richard
Connaissez-vous Éric Todenne ? Moi, je ne connaissais pas. Pour une simple et bonne raison, Éric Todenne, l’auteur de « Terres brûlées » n’existent tout simplement pas. Derrière ce pseudonyme, se cachent Eric Damien et de Teresa Todenhoefer, deux résidents de Dusseldorf.
Éric Damien est enseignant et dans le cadre de son court, il a écrit un roman pour ses élèves. Teresa, d’origine espagnole, a un enfant dans la classe d’Éric. Elle lit le texte d’Éric et lui propose quelques modifications. Et voilà comment peut commencer une belle histoire de complicité où chacun des intervenants améliorent et complètent le talent de l’autre.
Un premier roman est écrit et connait une belle réussite. « Un travail à finir » est un polar qui mêle intrigue, enquête et faits historiques. Le roman connait du succès. Et voici le 2e récit de ce duo, « Terres brûlées ».
Philippe Andreani est un inspecteur d’expérience au caractère fort et aux méthodes parfois hasardeuses toujours à la frontière entre ce qui est acceptable pour la hiérarchie et ce qui ne l’est pas. Habituellement, son choix se porte sur « ce qui ne l’est pas. » !!! Son adjoint, Laurent Couturier, plus dans les normes, spécialiste des méandres de web et pas très « en santé ni en forme », complète bien le tandem. Il doit d’ailleurs passer un test d’aptitudes physiques qui l’angoisse totalement. Pas question pour lui de perdre son poste sur le terrain.
Ils travaillent également avec Francesca Rossini la très séduisante psychologue qui l’avait suivi dans la première affaire suite à quelques bourdes qui avaient mené Andreani à la suspension temporaire. Il va sans dire qu’il y aura peut-être quelques flammèches romantiques qui viendront pimenter l’enquête.
Et puis, élément important de ce groupe, il y a le bar « Le Grand Sérieux », endroit favori de l’enquêteur, dirigé par le sympathique et cultivé Pierre Timonier qui aime bien parsemer la conversation de quelques citations latines.
L’histoire commence quand on avertit l’équipe que l’inspection générale viendra vérifier les méthodes et les résultats des enquêteurs. Branle-bas de combat, c’est l’heure du ménage, de la paperasse et de l’organisation. C’est alors que le commissaire Andreani se rend compte qu’une des enquêtes a été baclée par un flic qui s’est suicidé. Très rapidement, il faut régulariser ce cas, faire en sorte que les « trous » dans l’enquête soient remplis et que toutes les ficelles soient bien attachées.
Mais ce ne sera pas si simple. Et au fur et à mesure que les enquêteurs avancent dans le dossier, on se rend compte de toutes les ramifications de cette histoire, qui remontent à la guerre prussienne de 1870. Et que depuis ce temps, les changements de frontière entre l’Allemagne et la France, ont laissé des traces en Moselle, plus particulièrement dans le village d’Eberviller.
Imaginez ce qui peut se passer quand une commune est coupée en deux par une rivière, d’un côté les villageois sont Allemands et de l’autre, ils sont Français.
L’affaire est donc très complexe. Un homme est mort dans un incendie. Rien de particulier, le mort est une personne sans histoire, il n’y a pas eu d’effraction, on conclut que c’est probablement un accident. Cette possible probabilité titille l’instinct de l’enquêteur et malgré l’insistance de ses patrons et de l’inspecteur général. Le policier découvre des éléments inquiétants, d’autres morts par incendie et un passé assez préoccupant. Délation, manipulation de preuves, testaments écorchés, disparition de personnes et retour d’autres, tout cela est complexe. Et touche les trois guerres entre la France et l’Allemagne. Et tout particulièrement un endroit que l’on appelle « La ferme aux Juifs » !
Et c’est autour d’un monument aux morts assez particulier que les policiers essaieront de résoudre cette série de mystères.
Amateurs d’histoire avec un grand H et d’histoires avec un s, vous serez servi par un récit complexe, plein de rebondissements et une finale à la mesure de cette enquête. Les personnages sont attachants malgré quelques traits de caractère assez communs pour Andreani mais tout à fait crédibles crédible.
Il n’y a pas de temps mort, l’intrigue roule et la mécanique est rodée. L’écriture est fort intéressante, le sens de l’humour et les personnages secondaires sont des points très positifs. On ne sent pas « l’écriture à quatre mains ».
« Terres brûlées » est un très bon roman à saveur historique où l’histoire prend toute sa place et donne de la profondeur au récit. Éric Todenne est un duo d’auteurs que je suivrai avec plaisir. Même que je pense lire le premier opus de cette équipe.
Alors n’hésitez pas, la découverte en vaut la peine !
Bonne lecture !
Terres brûlées
Éric Todenne
Éditions Viviane Hamy
2020
312 pages