2 Septembre 2020
Une chronique de Richard
Comme lecteur boulimique et amant des livres, je consacre du temps à regarder l’évolution du monde littéraire, les sorties de romans des auteurs dont on attend les livres et aussi, les sorties des nouveautés dont on ne connait pas les auteurs. La toile est remplie de ces récits à toutes les rentrées, qu’elles soient d’automne, d’hiver ou de début des vacances. Les gondoles de nos librairies en voient passer même si leur séjour dure parfois le temps d’un rêve !
En plus, comme blogueur, il m’arrive souvent de recevoir des messages m’offrant un premier roman, une première œuvre, qui je le sais, a demandé tant de travail, suscite tellement d’espoir, mais tarde à franchir le mur invisible de la plus petite renommée. Mais parfois, la magie opère ! Un premier roman qui nous passionne. Un style qui nous surprend, un récit qui nous accroche. Et de bonnes idées bien exploitées. L’inconnue derrière le nom de l’auteure placé sur la couverture, commence à se révéler. Voici donc ce qui s’est passé en lisant « Ne passez pas par la case départ » de Xavière Hardy.
Mais avant de vous parler de l’histoire, quelques commentaires s’imposent. En regardant la jaquette du livre, on sent bien que nous avons affaire à un roman qui nous vient de la France : cette maison d’édition nous est parfaitement inconnue. Puis en scrutant les quelques mots de la 4e de couverture, on voit que Montréal fait partie des lieux où se passe l’action. Et en poussant encore plus loin notre investigation (on n’est pas lecteur de polars pour rien !!), on apprend que l’écrivaine est effectivement d’origine française, mais qu’elle demeure au Québec. Et en plus, elle est naturalisée canadienne.
Ce qui ajoute évidemment à ma curiosité insatiable !
Voici donc l’histoire de ce roman français, écrit à Montréal, par une auteure québécoise d’origine française. Important tout ça ? Non, mais drôlement plaisant à décrire !
Juin 2008. Pour France et Raphaël, le moment est arrivé de réaliser le plan qu’ils mettent au point depuis longtemps : un vol savamment étudié et élaboré pour dévaliser la bijouterie Louis de Paris sur La Croisette, à Cannes. Le hold-up fonctionne, mais le bijoutier réussit à peser sur le bouton de l’alarme. Raphaël remet en catimini les bijoux à France qui s’en tire très bien. Raphaël est poursuivi dans une course effrénée par la police. Et finalement, le commissaire Philippe Chartreux et ses policiers, lui mettent la main au collet. Mais les bijoux ont disparu !
Demi-victoire pour les policiers, ils tiennent le coupable, mais le butin s’est évanoui dans la nature. Et on ne sait pas du tout comment ! L’enquête pour récupérer l’objet du vol sera difficile, inefficace et surtout complètement stérile. Il semble clair que le voleur ne parlera pas ; aucun moyen pour qu’il révèle son secret, aucune entente possible. Les bijoux resteront hors de portée. Mais le lecteur, lui, sait où ils sont et comment ils s’y sont rendus.
Quelques mois plus tard, on retrouve France, enceinte, n’ayant pas eu la chance de dire à Raphaël qu’en plus de devenir riche avec le produit de leur larcin, il serait également affublé du titre de « papa ». Mais présentement, en prison, il n’en sait rien. France se demande comment entrer en contact avec lui ? Sans que les policiers puissent faire le lien entre elle et Raphaël ? Il faudra un moyen très ingénieux. Et France le trouvera.
Raphaël recevra des lettres bien particulières venant d’une personne anonyme qui semble faire un tour du monde ; ces lettres proviennent de villes complètement différentes, dans un ordre bien aléatoire. Raphaël comprend qui lui écrit et les messages qu’ils contiennent. Et le commissaire Chartreux qui a, lui aussi la chance de lire ces missives, demeure quand même dans le vague. Il sent qu’il y a quelque chose dans ces lettres, mais il n’arrive pas à mettre le doigt dessus.
Et c’est autour de ces lettres que se construit ce roman passionnant. Le contenu, le style et les mystères qu’elles cachent sont la pierre angulaire de ce récit. Et l’expression du talent de cette nouvelle écrivaine ! Des missives capables de révéler des informations à son destinataire, charmer un commissaire de police et changer un prisonnier en Schéhérazade.
En plus, l’auteure parsème son histoire de touches culturelles, parfaitement pertinentes, nous laissant certaines pensées ou réflexions, lectures ou musiques, pigées autant dans la culture française que québécoise. Une plus-value non négligeable !
Les personnages sont bien campés, l’intrigue est habilement menée, mais ce qui ressort le plus, c’est la force de caractère de cette France, mère monoparentale courageuse, amoureuse passionnée, épistolière de talent et stratège de haut niveau. Une figure féminine qui transcende le roman. Pour le plus grand plaisir du lecteur !
« Ne passez pas par la case départ », fuyez la case « Allez en prison », conservez les cartes « Chance », mais surtout, n’hésitez pas à lancer les dés pour découvrir ce premier roman. L’imagination de Xavière Hardy et la qualité de son écriture, font de ce premier roman, une fenêtre ouverte sur un talent qui saura sûrement s’exprimer encore, dans ses prochains écrits.
Quelques extraits :
Un portrait du commissaire Chartreux.
« Le commissaire, sous ses airs placides et débonnaires, cachait en fait une nature colérique, qu’il laissait ressortir de temps à autre en présence d’un public soigneusement choisi, à savoir son chien, et parfois son adjoint. »
Une ode à Montréal.
« En voyant la ville qui s’étalait sous ses yeux je m’écriais presque : « Que de vert ! Que de vert ! » Des parcs omniprésents comme des rejetons que le Mont-Royal aurait disséminés un peu partout pour les offrir en cadeau à ses habitants. »
Une journée en prison.
« Le même théâtre des ombres qui recommençait. Encore. Et encore. À vous rendre fou de néant. À vous abrutir de vide. »
Bonne lecture !
Ne passez pas par la case départ
Xavière Hardy
Éditions Complicités
2020
230 pages
Editions Complicités, éditeur de livres
Née en 1982 à Grasse sur la Côte d'Azur, Xavière Hardy entreprend des études en école de commerce qui la mèneront à Montréal et dans l'industrie du jeu vidéo. " Ne passez pas par la case ...
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