17 Juin 2020
Une chronique de Sylvie Geoffrion
Sans hésitation 5 étoiles.
Je salue ainsi bien bas cet immense talent. Talent que j'avais découvert avec "Le dévouement du suspect X" de cet auteur. Je suis sidérée, médusée. Keigo Higashino est "le" maître. Ce souci du détail, cette finesse dans la modération...juste wow. Plus de 660 pages où l'on ne s'ennuie jamais. Où l'on sent que les choses se lient entre elles, qu'elles se tissent petit à petit. Je me répète mais je suis drôlement étonnée par la précision de l'écriture de Keigo Hisgashino. Oui, ravie je suis.
Pour "La lumière dans la nuit", je n'ose imaginer son plan d'écriture, son organigramme, ses réflexions. Même si on peut se sentir un peu perdu au début à suivre cette galerie de personnages (les noms japonais ne nous facilitent pas la tâche non plus) on sent qu'il nous entraine quelque part, il n'est jamais loin, il mène la danse pour le plus grand plaisir de son lecteur.
"La lumière de la nuit" s'étend sur 20 ans ou presque. De 1973 à 1992.
Tout commence avec le meurtre d'un prêteur sur gages à Osaka. L'enquêteur Sasagaki est très présent au début et conduit l'enquête qui n'ira nulle part. Puis, pff, il s'efface et nous n'en savons pas plus!
On rencontrera tous ceux qui ont gravité ou qui ont pu graviter autour de la victime et de son assassin. Qui sont-ils? Que font-ils ? Quel rôle jouent-ils? Un lien les unit ? Au compte goutte nous le saurons. Patience. Et Keigo Higashino en profite pour nous faire le portrait social d'un Japon en mutation malgré le carcan des traditions. Ses moeurs, sa discipline, la loyauté, le boum immobilier, l'informatique qui se développe, la crise économique...Et saluons au passage la sensibilité de l'auteur à la situation particulière des femmes japonaises.
Jamais l'auteur n'en dit trop, il nous laisse plutôt toujours entrevoir. Il sait que son lecteur est intelligent, il le respecte. Et puis, un éclair, une ombre, une lueur, une petite lumière !
Chapeau !
La lumière de la nuit
Keigo Higashino
Éditions Actes Sud
Collection babel Noir
2017