18 Janvier 2020
Une chronique de Sophie-Luce Morin
Résumé (4e de couverture) :
Marnie et Taz ont tout pour être heureux. Jeunes et énergiques, ils s’aiment, rient et travaillent ensemble. Lorsque Marnie apprend qu’elle est enceinte, leur vie s’en trouve bouleversée, mais le couple est prêt à relever le défi. Avec leurs modestes moyens, ils commencent à retaper leur petite maison de Missoula, dans le Montana, et l’avenir prend des contours plus précis. Mais lorsque Marnie meurt en couches, Taz se retrouve seul face à un deuil impensable, avec sa fille nouvellement née sur les bras. Il plonge alors tête la première dans le monde inconnu et étrange de la paternité, un monde de responsabilités et d’insomnies, de doutes et de joies inattendus.
La Vie en chantier est une histoire qui touche au cœur. À travers ce troublant mélange de peine et d’amour, Pete Fromm écrit magnifiquement sur la vie qui donne toujours une seconde chance à celui qui sait la saisir.
Mon appréciation de ce livre :
Voilà un auteur que je découvre avec ravissement ! Une écriture maîtrisée à travers laquelle évoluent des personnages touchants dans l’environnement grandiose du Montana, si bien décrit par Fromm. Et malgré un sujet bouleversant, l’histoire est narrée avec justesse, sans tomber dans l’apitoiement.
La vie en chantier, c’est une existence laissée en plan par la mort subite de l’être cher. Les jours s’égrènent dans une maison à retaper et des vies à réinventer. L’analogie entre la bicoque et un quotidien à reconstruire n’aurait pu être mieux choisie. Je trouve d’ailleurs le titre français beaucoup plus évocateur que l’original : A Job You Mostly Won’t Know How To Do. Cependant, malgré le fait que la traduction soit assez bien réussie, il me semble qu’elle aurait gagné à être réalisée en français québécois pour les lecteurs franco-américains que nous sommes.
La maison en chantier qu’habite Taz est comme son cœur, en ruine. Chaque pièce possède le pouvoir d’évoquer à la fois le bonheur et la douleur. Et Taz ne peut y échapper.
Si ce roman naît d’abord de l’histoire d’amour entre Marnie et Taz, deux jeunes adultes qui portent leurs rêves à bout de bras, l’amitié indéfectible en Rudy et Taz y est largement célébrée.
Si le réflexe de Taz de se couper du monde en se jetant corps et âme dans le travail lui est salvateur, c’est surtout parce que les âmes sensibles qui gravitent autour de lui l’en arrachent à temps. Car Taz a tendance à faire de ces refuges des soupapes pour ne pas affronter la douleur incommensurable de la mort de sa femme.
Taz peut ainsi compter sur l’appui de Rudy. Ce fidèle ami garde un œil sur lui et trouve toujours le moyen de l’extirper de sa solitude pour l’empêcher de sombrer. Surtout, Rudy rappelle à Taz que tout ce qui compte, désormais, c’est cette petite fille dont il doit s’occuper. Il y a également Lauren, sa belle-mère, à travers laquelle Taz revoit sa femme, et qui lui fera comprendre qu’il n’est pas le seul à vivre un deuil. Bien sûr, comment Taz pourrait-il y arriver sans Elmo, la gardienne de Marnie, qui l’assiste au quotidien avec bébé Midge ? Enfin, c’est aussi grâce au soutien constant d’une communauté attentive à la détresse de l’un des leurs que Taz peut non seulement traverser les épreuves du deuil, mais apprivoiser son nouveau rôle de père. La vie dans les communautés reculées a du bon.
Il y a ce que Marnie aurait voulu. Il y a ce que Taz peut. Et il y a ce que les autres font, aussi, pour que la lumière au bout du tunnel advienne. Et puis, il y a Midge, cette petite fille à aimer…
La vie en chantier : un récit de l’intime narré avec une infinie justesse, qui nous rappelle que la vie reprend toujours ses droits.
Malgré une fin prévisible, j’ai tourné chacune des pages de ce roman avec grand plaisir. Et c’est dans le même esprit que je lirai tous les autres livres de cet auteur.
À propos de Pete Fromm :
« Pete Fromm est né le 29 septembre 1958 à Milwaukee dans le Wisconsin. Peu intéressé par les études, c’est par hasard qu’il s’inscrit à l’université du Montana pour suivre un cursus de biologie animale. Il vient d’avoir vingt ans lorsque, fasciné par les récits des vies de trappeurs, il accepte un emploi consistant à passer l’hiver au cœur des montagnes de l’Idaho, à Indian Creek, pour surveiller la réimplantation d’œufs de saumons dans la rivière. Cette saison passée en solitaire au cœur de la nature sauvage bouleversera sa vie. À son retour à l’université, il supporte mal sa vie d’étudiant et part barouder notamment en Australie. Poussé par ses parents à terminer ses études, il s’inscrit au cours de creative writing de Bill Kittredge, ce cours du soir étant le seul compatible avec l’emploi du temps qui lui permettrait d’achever son cursus au plus tôt. C’est dans ce cadre qu’il rédige sa première nouvelle et découvre sa vocation. Son diplôme obtenu, il devient ranger et débute chaque jour par plusieurs heures d’écriture avant de décider de s’adonner à cette activité à plein temps. Pete Fromm a publié plusieurs romans et recueils de nouvelles qui ont remporté de nombreux prix et ont été vivement salués par la critique. Indian Creek, récit autobiographique, a été son premier livre traduit en français. Il vit dans le Montana. »
Tiré de : https://www.gallmeister.fr/auteurs/fiche/9/pete-fromm
La vie en chantier
Pete Fromm
ISBN : 2 351 781 961
Éditeur : GALLMEISTER (06/09/2019)
Traduit de l’américain par Juliane Nivelt
Le nouveau livre de Pete Fromm fait d'ores et déjà partie des livres qu'on n'oubliera jamais, partie des livres qu'on voudrait relire à peine finis. Un livre universel qui va vous bouleverser. U...
https://www.gallmeister.fr/livres/fiche/347/fromm-pete-la-vie-en-chantier
Pete Fromm : "J'ai longtemps pesté de n'être pas né deux cents ans plus tôt"
INDIAN CREEK. Etudiant, c'était la natation, son credo. Sauf que Pete Fromm étudiait à Missoula, dans le Montana, haut lieu de la littérature américaine et de ce genre appelé " nature writing...