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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

La frontière

Le temps des adieux à une sublime trilogie

Par Christophe Rodriguez

Depuis les deux dernières semaines, point de Netflix et autres séries télévisées. Votre chroniqueur se concentrait sur la saga du romancier américain Don Winslow, dont le premier livre : La griffe du chien sera adaptée au cinéma.

Vingt ans de travail, une enquête journalistique minutieuse autour de héros plus vrais que nature, tellement ils se confondent avec la réalité ambiante : affrontements au Mexique entre Sicarios et forces de l’ordre, fusillade dans les stations balnéaires du Mexique, l’inévitable drame de la ville fantôme qu’est devenue Ciudad Juárez, et bien entendu, tous les petits consommateurs qui sont passés de l’héroïne au Fentanyl.

Avec La frontière, roman-fleuve à plusieurs voix qui totalisent plus de 800 pages, Don Winslow clôt en quelque sorte la confrontation entre deux ennemis jurés : Adan Barrera, puissant parrain du cartel de Sinaloa et Art Keller, ancien agent tout terrain devenu chef de la Drug Enforcement Agency (DEA). Depuis La griffe du chien, suivi de Cartel, je suis passionnément cet auteur, beaucoup plus intelligent que le vindicatif James Ellroy et certainement plus humain.

Sans états d’âme, parce que le trafic de drogue comme sa consommation est loin d’être inépuisable, l’auteur cherche une nouvelle voie. Comme il est impossible d’éliminer physiquement les cartels, il faut reprendre une vieille recette : tarir le conduit monétaire du blanchiment d’argent. Mais tout n’est pas aussi simple. Nommé sous l’administration Obama, des élections approchent, et le féroce Dennison portrait craché de Donald Trump fait beaucoup de vagues en dénonçant les attaques de tout un chacun sur Twitter.

Entre la politique partisane dont Keller se tient loin et les actions d’éclat des différents cartels qui ont choisi le chemin de la vengeance pour acquérir le plus de territoire, le portait des personnages, s’avère saisissant et accrochez-vous, puisque l’action ne manque pas.

Décortiquant les mécaniques du pouvoir, de l’argent et l’appât du gain même chez les plus jeunes, Winslow tisse une fresque sanglante qui n’épargne personne, y compris de jeunes consommateurs comme Jacquie ou Nico, dix ans, réfugiés pris dans les dédales d’une administration tatillonne.

De cette odyssée dantesque qui vous tiendra en haleine, les bons mots ne manquent pas. Plus que spectaculaire, elle est le miroir déformant d’une société dont il reste bien difficile de prévoir une fin, à ce voyage au bout de l’enfer.

Remarquable en tous points, La frontière fera partie sans contredit des romans de la décennie.

Bonne lecture !

 

La frontière

Don Winslow

Harper Collins Noir,

843 p.

2019

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A
Une lecture meilleure que Netflix, cela ne se refuse pas.
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R
Tout à fait ! Bonne lecture, Alex !