29 Mars 2019
Une chronique de Christophe Rodriguez.
La soutane et l’argent, sans foi ni loi !
En 1922, les employés de la voirie de Montréal découvrent le corps de Raoul Delorme. Mais qui pouvait en vouloir à cet étudiant qui fut sommairement exécuté ? De fil en aiguille, les soupçons convergèrent vers un homme autoritaire, colérique, « débauché » à ses heures, mais qui fut aussi un prêtre catholique. C’est ainsi que débuta la célèbre affaire Delorme qui mit en scène le détective d’origine syrienne Farha-Lajoie et le père de la science judiciaire moderne Wilfrid Derome. Mieux qu’un roman policier, cette affaire qui secoua l’archevêché de Montréal, fleurait bon les histoires d’alcôve, l’argent convoité et un prêtre qui était loin d’être au-dessus de tous soupçons.
Quand deux bédéistes s’en mêlent.
Avec tous ces ingrédients « hautement explosifs », un peu comme un très bon Perry Mason, Michel Viau, historien couronné de la bande dessinée québécoise et le jeune dessinateur Grégoire Mabit, ont relevé le défi. Comme nous le disait si bien Michel Viau, lors du lancement qui eut lieu mercredi soir à la chouette librairie Le Port de tête (262, avenue du Mont Royal) : « C’est mon père, né en 1923 et anticlérical, qui me parla pour la première fois de cette histoire. Pour reconstituer la trame de cet évènement qui mobilisa la presse et le public, j’ai fait beaucoup de recherches et lu entre autres le livre de Farah-Lajoie sur l’affaire Delorme, la biographie de Jacques Côté sur Wilfrid Derome, et bien entendu tout ce qui s’est écrit à l’époque ».
À la manière d’un roman-feuilleton et en respectant les codes, nos deux complices font revivre de façon admirable l’enquête aux multiples embuches, les relents de racisme et le rôle de l’église, surtout celui de Monseigneur Bruchési.
Plus qu’une bande dessinée, c’est un matériau pour tous les enseignants et passionnés d’histoire comme de faits divers.
L'affaire Delorme
Texte: Michel Viau
Illustrations: Grégoire Mabit
Éditions Glénat Québec
2019