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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Le saut de l'ange

La couverture est alléchante, épurée, montrant un visage de fillette fragile aveuglée par une plume ensanglantée, le corps du livre embrassé d’un large bandeau rouge sang clamant : Numéro 1 du polar aux USA. Voilà qui campe le décor, nous obligeant nous, lecteurs, à aborder le massif thriller avec un certain respect. Cela a l’air costaud, de quoi tenir chaud les nuits d’insomnie de notre printemps pourri. Et pourtant, arrivée presque au terme (je dis bien presque) du livre, la première chose qui me vient à l’esprit est : Tout cela pour ça? Fallait-il donc nous trainer sur pas loin de de 500 pages et sur les routes sinueuses du New Hamsphire derrière des personnages pas si complexes et au fil d’une intrigue pas si haletante pour en arriver là?

Je vous situe l’histoire, rocambolesque à souhait : Une femme est retrouvée vivante mais amnésique (how original!) après avoir été victime d’un accident dans sa luxueuse auto le long des routes pluvieuses du New Hampshire. Pour les deux flics de campagne qui la ramènent à son bizarre d’époux et qui enquêtent dans le dossier, la conductrice se révèle très vite un épais mystère, et pas juste parce qu’une bouteille du meilleur Glenlivet est retrouvée fracassée dans l’habitacle.  L’amnésique n’en démord pas : sa fille, une certaine Véro, était avec elle au moment du vol plané de la voiture. Et elle a disparu. Mais de Véro pas plus de trace que de beurre en motte. Que je te fouille les fossés, que je te fouille les bois…chou blanc. Les soupçons se portent tour à tour sur l’énigmatique conductrice et sur son étrange époux. Les deux vivent en reclus mais aussi en nomades, passant de ville en ville pour fuir un passé que les enquêteurs vont s’attacher à découvrir (non mais c’est nouveau cela vient de sortir). Mais Véro existe-t-elle, ou est-elle le fruit de l’imagination du cerveau malade de la conductrice?

Au départ, bien que reposant sur des prémisses admettons-le éculées et bien qu’exigeant un lecteur peu regardant en ce qui a trait à la vraisemblance, l’histoire paressait porteuse de promesses. De plus, elle était campée dans un décor champêtre et familier à bien des gens ici, celui des majestueuses montagnes du New Hampshire. Mais pour ma part, malgré de louables efforts, l’intérêt aura fait long feu et c’est bien par devoir que j’ai continué mon chemin de croix. Bon j’exagère un peu, mais tout de même, Le saut de l’ange a selon moi plus de failles que de qualités, la plus importante à mon sens étant la lenteur, affection mortelle pour un thriller (je le sais, car j’y succombe souvent moi-même). Et puis il y a le recours excessif à des méthodes pas très claires pour stimuler la mémoire de Nicole. Elle est amnésique ou pas, après tout? Branchez-vous les mecs. On enlève le haut ou pas? Trop d’invraisemblances, trop de détails dont on a souvent l’impression qu’ils ne constituent que des agents de remplissage, un vrai botox littéraire, trop d’allers et retours, trop de gros plans sur les visages interrogatifs. Et pas assez d’étonnements vrais et de coups de cœur, d’émotions qui sonnent juste. Car en ce qui me concerne, les protagonistes, que ce soit Nicole, le mari ou les inspecteurs, ces derniers des personnages récurrents (Wyatt et sa belle Tessa), me laissent aussi froide que les grands pins noirs dans la nuit. Un bon thriller ne peut faire l’économie de travailler la profondeur des personnages. Les marques d’empathie de Wyatt semblent creuses, tout autant que la nature de sa relation amoureuse. Sur ce point, le roman de la célèbre Lisa Gardner ne nous donne pas grand-chose à nous mettre sous la dent.

Je sais, ma chronique n’est qu’une succession de pots, et vous allez me dire qu’il est facile de critiquer une auteure étrangère que l’on n’aura jamais à croiser dans un 5 à 7. Pas faux. Mais quand on trône au palmarès des ventes, on peut s’attendre à ce qu’un regard critique soit porté sur notre œuvre.

Je veux pourtant terminer avec quelques fleurs. Une au moins. Une chose est sûre, la plume de la romancière, bien que distante, est fine et son style direct mais beau, efficace convient très bien au genre. La dame sait écrire.  Un gros plus, quand on y pense.

 

Bonne lecture !

 

 

Le saut de l’ange

Lisa Gardner

Albin Michel

471 pages

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V
comme Alex, je n'en ai lu qu'un, La Mais d'à côté qui ne m'a pas laissé un souvenir incroyable... Je relirai peut-être l'auteur mais sur la plage ou dans un moment d'intense activité:)
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R
Excellente idée !<br /> Merci Violette !
A
Je n'en ai lu qu'un, qui m'avait déçu. Et ton billet ne me donne pas envie de retenter l'expérience.
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R
Merci Alex !