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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Je sais pas

Selon moi, Barbara Abel, est  l’une des auteurs les plus efficaces pour présenter une scène du quotidien et la transformer en moments d’horreur, de ces moments qui n’arrivent qu’aux autres ! Et pourtant !

 

Tous les romans que j’ai lus de cette auteure ont suscité en moi la même réflexion : « Ça aurait pu m’arriver! » Je sais pas,  son tout dernier roman, en fait encore la démonstration. Comptez sur elle pour vous transformer le grand jeu de l’ordinaire en véritable spectacle de l’extra … ordinaire !

 

Et tout cela commence comme dans la vraie vie. Enfants et parents arrivent dans la cour d’école, en vue d’une activité scolaire. Les enfants et les parents, excités par la sortie, les enseignants et la direction, affairés et énervés par la planification et la gestion. Malgré le retard de Mylène Gilmont, l’enseignante de maternelle, la journée s’annonce belle … et excitante ! Une journée banale ? Un beau moment pour les enfants ? Non, non ! Vous êtes dans un roman de Barbara Abel.

Évidemment, la sortie commence bien, mais se terminera dans l'horreur. À la fin de la journée, une enfant manque à l’appel et on doit partir à sa recherche.

Le drame s’installe ! Au début du récit, le lecteur patauge, les pieds dans la boue, mais il  se retrouve graduellement avalé par les sables mouvants de l’imaginaire de l’auteure. Ce simple fait divers se transforme, au gré de la créativité de Barbara, en moment d’horreur qui se précipite vers une finale inattendue, imprévisible, surprenante. J’ai été bluffé ! J’ai adoré mon plaisir de lecture.

Tour à tour, le lecteur est plongé dans la pensée de la petite Emma, puis, dans l’esprit angoissé du père de Mylène qui voit s’égrener le temps de vie de sa fille.  Le lecteur est également effrayé et épuisé par les efforts surhumains de la jeune enseignante pour se sortir de cette situation tellement angoissante. Comme dans un étau qui se resserre ! Impitoyablement !

Angoisses et frissons garantis !

Barbara Abel possède un style efficace. Le plaisir est dans le développement de l’histoire, dans la montée de la tension. On tourne les pages, on se questionne, on trouve des réponses et cette diablesse d’auteure nous tourne et nous retourne comme une crêpe, sort un rebondissement de son chapeau et nous amène ailleurs, sans nous demander notre avis. Et plus elle vous montrera que vos prédictions sont erronées, plus vous sentirez ce plaisir de lire cette auteure imaginative.

Je vous recommande « Je sais pas » et je sais pourquoi : vous allez adorer lire ce page turner. Et si vous ne connaissez pas Barbara Abel, eh bien, voilà une belle entrée en matière !

 

Quelques extraits :

 

« Anéantis par la nouvelle, Patrick et elle se laissent, chacun de leur côté, dériver dans les méandres de leurs craintes les plus terrifiantes. L’ignorance génère une imagination féconde. Ne pas savoir, c’est envisager tous les possibles. Et parmi ces possibles, le pire est toujours celui qui s’impose à l’esprit avec le plus de férocité. »

 

« Envisager l’échec, c’est déjà le faire exister. »

 

« Une figure d’ange peut-elle cacher un cœur de démon ? »

 

 

 

 

Bonne lecture !

 

 

Je sais pas

Barbara Abel

Belfond

2016

429 pages

 

 

 

 

Barbara parle de sa carrière et de son roman ...

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