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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

"Je ne tiens qu'à un fil mais c'est un bon fil"

"Je ne tiens qu'à un fil mais c'est un bon fil"

Aujourd’hui, je vous donne congé de meurtres, de romans noirs et de thrillers. Je ne vous parlerai pas de policier ni de meurtriers, aucune poursuite dans les rues abruptes de San Francisco, encore moins de violence dans les quartiers sombres et glauques de la banlieue parisienne. Et cela, même si cette histoire ne se passe pas nécessairement dans des endroits où règnent la richesse et le luxe.

Non, aujourd’hui, je vous amène dans un monde d’émotion, de poésie et de quotidienneté : une vie de tous les jours, entourée de sentiments et de petits soldats de plastique.

« Je ne tiens qu’à un fil, mais c’est un très bon fil » de Sylvie Laliberté, se découvre comme une ode poétique à l’aujourd’hui ordinaire, peuplé par des hiers parfois heureux et des lendemains qui pourraient nous faire pleurer.

Je vous ai déjà parlé de Sylvie Laliberté quand elle a écrit « Quand j’étais italienne ». Déjà, cette sensibilité, cette écriture plongée dans cet encrier qu’est le cœur humain, m’avait charmé, m’avait transporté au-delà de l’histoire jusqu’au milieu de ce drame. Ce nouvel opus de Sylvie Laliberté s’avère tout aussi touchant !

Alors, dépêchez-vous à prendre entre vos mains ce beau petit livre et lisez, regardez et appréciez toute la poésie de Sylvie Laliberté qui nous raconte sylvielaliberté. Un pur délice, comme disent les publicitaires qui nous vendent du chocolat. Suivez d’abord le regard de cette enfant, celui qu’elle porte sur le monde qui l’entoure, sa maison, ses parents, l’école.

« Je vivais dans une maison déposée sur une pelouse. Dans la maison, il y avait : un père absent, une mère à la cuisine et un frère qui jouait avec ses Lego. Et à chacun de nos anniversaires, il y avait un gâteau pour le prouver. »

Puis, elle découvre la lecture et les tourments de la relation avec les autres. Déjà, à huit ans, elle lit Une saison dans la vie d’Emmanuel de Marie-Claire Blais et prend conscience du pouvoir ( ?) de l’écriture. Mais aussi, un aspect particulier de l’éducation quand on doit ce que la maîtresse veut lire. Ou des idées que l’on a le droit d’avoir. Ou pas.

Plus tard, se rendant compte qu’elle ne pourra pas devenir ballerine, sylvielaliberté devient monitrice dans un camp pour les enfants de milieux défavorisés. Et voilà que commence l’apprentissage de la vie d’adulte en réalisant qu’elle n’avait pas encore réussi son enfance.

« Je ne peux pas compter sur les humains, ils ne le sont pas tous. »

Puis l’inévitable n’est pas évité, sylvielaliberté rencontre son chéri, mais aussi, elle voit son père devenir vieux.

« J’ai un père vieux et doux et gentil et charmant. Même les gens qui le lavent et le peignent le trouvent vieux et doux et gentil et charmant. »

Ces pages sur la vieillesse de son père sont tristes et belles (est-ce que je les aurais prises à mon compte ?) Chaque page, chaque photo, chaque phrase deviennent des occasions de réflexion, des doux moments où nos yeux s’arrêtent pour laisser la place à notre pensée, à notre humanité, à nos propres rêvasseries. Parfois, cet arrêt nous frappe au plexus, souvent il nous caresse tout doucement, mais toujours, il nous laisse sans voix, les yeux fermés, le cœur en compote. Et puis, aussi, quel bonheur de se laisser surprendre à chaque page, par une phrase bien tournée, une image frappante, un clin d’œil coquin à la vie. Et, en toute liberté, admirer et déguster chacun de ces petits plaisirs de lecture.

Sylvie Laliberté est une auteure difficile pour un blogueur, car la seule façon de vous convaincre de la lire sans citer toutes les phrases de son livre, c’est de vous dire : croyez-moi sur parole, lisez « Je ne tiens qu’à un fil, mais c’est un très bon fil. » Vous ne le regretterez pas et vous en parlerez à tous vos amis.

Merci Sylvie Laliberté d’être, pour notre plus grand plaisir, sylvielaliberté.

Sylvie Laliberté me pardonnera de lui « voler » une dernière citation, un extrait illustrant parfaitement son écriture :

« À chaque jour suffit sa peine, mais il arrive qu’un seul jour ne suffise pas à ma peine. Alors je ne me gêne pas, je prends deux ou trois jours de plus. »

Bonne lecture !

Je ne tiens qu’à un fil, mais c’est un très bon fil.

Sylvie Laliberté

Somme toute

2015

142 pages

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A
Te croire sur parole ? Pourquoi pas, pour cette fois.....
Répondre
R
Faut dire que j'ai pris beaucoup plus qu'un mot pour te convaincre !