15 Mars 2015
Avec « Violence à l’origine », Martin Michaud confirme sa place parmi les grands auteurs de thrillers. De jeune auteur plein de promesses, Martin Michaud est devenu un auteur connu et reconnu et chacun de ses ouvrages devient une valeur sûre. Son lectorat québécois est maintenant bien établi et Martin amorce une percée européenne qui devrait le mener, très bientôt, en tête des favoris de nos cousins français et belges.
Comme pour les trois romans précédents, cette quatrième enquête de Victor Lessard est menée rondement : un véritable page turner ! L’auteur maitrise parfaitement les codes du genre, les utilise avec intelligence et construit chaque chapitre autour de la montée de la tension.
Victor Lessard, toujours assisté par la « subtile » Jacinthe Taillon (que j’adore) remplace son patron à la tête de la section des crimes majeurs de la police de Montréal. On lui confie la difficile mission d’enquêter sur le meurtre d’un haut gradé du SPVM dont on a retrouvé la tête dans un conteneur à déchets.
Le meurtrier semble s’amuser à jouer avec les enquêteurs car il commet d’autres meurtres et les annonce à chaque fois, dessinant un graffiti sur la scène de crime. En plus de donner des indices sur sa prochaine victime, il révèle que le Père Noël sera sa dernière proie, sa dernière œuvre.
L’enquête sera ardue, complexe et les événements pousseront Lessard et son équipe dans leurs derniers retranchements. « Violence à l’origine » (j’aime un peu moins ce titre … un peu convenu…) vous prendra dès le début et l’intrigue ne vous laissera aucun moment pour souffler. On ne lit pas un thriller pour calmer ses nerfs !!
Les amateurs de Lessard le retrouveront avec plaisir après l’excellent intermède de « Sous la surface ». La grande qualité de Michaud réside dans son talent à imaginer des situations complexes, à les placer dans des atmosphères oppressantes et à y faire évoluer une attachante équipe d’enquêteurs.
Un personnage important revient dans ce quatrième roman, un personnage dont le coeur bat au rythme des saisons et dont les veines charrient la beauté comme la violence et où, le lecteur retrouve Montréal, cette ville belle de jour mais dont certains secteurs projettent des ombres inquiétantes, la nuit. Montréal est vivante sous la plume de Martin Michaud, elle vibre au rythme de ses habitants et de son animation. Personnellement, je me suis rappelé l’odeur des hot dogs et des frites du mythique Greenspot de la rue Notre-Dame, à Saint-Henri.
Et ce qui est loin de me déplaire, Martin s’amuse à jouer avec certaines règles pour surprendre ses lecteurs. Ce qui fait en sorte que vous serez un peu décontenancé (positivement) par la numérotation des chapitres, par exemple. En même temps, cela reste le plus grand défi de Martin Michaud de nous ébahir à chaque fois, de nous surprendre avec l’évolution de son personnage principal et de nous faire sourire avec l’apparition de Miles Davis.
Finalement, ce qui ne gâche rien, « Violence à l’origine » est superbement servi par un style et une écriture super efficaces. Près de 450 pages qui filent à la vitesse grand V : de courts chapitres, une écriture nerveuse et un style qui déferle comme un ruisseau de montagne au printemps. On y savoure la noirceur des pensées et des souvenirs sombres de Victor, l’humour et les sarcasmes de Jacinthe et la justesse de l’écriture de l’auteur. Comme toujours, les dialogues sont animés, souvent drôles et toujours justes, surtout les échanges entre Victor et Jacinthe. Parfois, l’auteur nous offre une poésie émouvante, un peu de beauté littéraire venant éclairer la noirceur et le glauque de ces crimes affreux ! Plaisir de lecture !
Alors, amateurs de Martin Michaud (de plus en plus nombreux… ) , n’hésitez pas à vous lancer à la découverte de cette 4e enquête. Et pour ceux qui ne le connaissent pas, vous avez maintenant la chance d’avoir quatre très bons romans pour vous plonger dans le monde des enquêtes de Victor Lessard.
Quelques extraits …
« Mais il y a surtout cette pièce sombre enfouie au plus profond de chacun de nous, dans les entrailles de notre conscience, l’endroit où nous enfermons à double tour tous ces accommodements, ces mensonges et ces demi-vérités qui nous empêchent d’avancer, qui nous forceraient, pour peu que nous envisagions de les regarder en face, à nous observer tels que nous sommes vraiment. Dans toute la magnificence de notre hideur et de notre pureté … »
Petite leçon sur les procédés d’enquête : « Une enquête résulte d’un processus d’élimination. Vous déterminez ce qui doit être en place pour que le drame se produise et, à partir des faits et des éléments connus, vous formulez des hypothèses, vous envisagez les possibilités. Et lorsque vous avez éliminé l’impossible, la vérité se cache quelque part dans la somme des probables. »
Et bien sûr, il n’y a que Jacinthe Taillon pour intégrer cet ingrédient dans son régime : « Eille, avec quoi tu penses qu’y font les trempettes, hein ? Ben oui, avec de la mayonnaise ou de la crème. Sinon ? Ben, qu’est-ce que tu penses ? Y mettent de l’huile hydrogénée, pis, ca, c’est comme du sirop à cancer. Fait que, entre nous, ça change pas grand chose que je mette un peu de crème fouettée sur mes légumes. »
Bonne lecture !
Violence à l’origine
Martin Michaud
Les éditions Goélette
2014
447 pages
Martin Michaud est un auteur québécois. Polar, roman policier ou thriller ? Qu'importe ! Son premier roman, " Il ne faut pas parler dans l'ascenseur ", met en vedette Victor Lessard, un enquêteu...
Le site personnel de Martin Michaud
Martin Michaud, le nouveau maître du polar québécois | ICI.Radio-Canada.ca
Le reportage de Catherine François Martin Michaud, avocat de formation, fait partie des rares auteurs québécois qui remportent du succès en écrivant des polars. " Violence à l'origine ", de M...
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/arts_et_spectacles/2014/11/21/005-martin-michaud-polar.shtml
" Violence à l'origine ": le nouveau coup de maître de Martin Michaud (ENTREVUE)
Publication: Meurtres en série, enlèvements, torture, sacrifices et virée dans les égouts occupent les policiers de Montréal, après que la tête d'un haut gradé de la SPVM ait été retrouv...
http://quebec.huffingtonpost.ca/2014/11/11/violence-a-origine-martin-michaud-entrevue_n_6141758.html