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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

"Dix petits hommes blancs" de Jean-Jacques Pelletier

"Dix petits hommes blancs" de Jean-Jacques Pelletier

Ouvrir un roman de Jean-Jacques Pelletier, c’est se plonger dans une pile de journaux, tous ouverts à la même page, pour suivre une histoire complexe mais aussi y rencontrer des personnages très sympathiques et d’autres beaucoup moins.

Ouvrir « Dix petits hommes blancs », c’est en plus, suivre en direct, sur Facebook ou Twitter, les événements et les commentaires de monsieur Tout le monde, sur l’histoire que nous sommes en train de lire, comme si tous les lecteurs s’étaient réunis autour d’un ordinateur virtuel !

Ouvrir « Dix petits hommes blancs », c’est aussi retrouver avec plaisir Gonzague Théberge en vacances à Paris avec sa femme en convalescence. C’est retrouver Victor Prose toujours prêt à se lancer à l’aventure avec son éternel ami, revoir avec plaisir et un peu de crainte, Natalya Circo (un personnage fascinant !). Et aussi, toujours avec le même appétit, crapahuter dans Paris s’arrêter dans un bistro, prendre un verre et déguster un bon repas avec nos deux enquêteurs gastronomes.

Toujours avec complexité et une grande maîtrise de l’intrigue, Jean-Jacques Pelletier nous trace un portrait réaliste du monde occidental moderne. Le lecteur s’y accroche les pieds dès les premières pages et se voir contraint à l’insomnie jusqu’au bout des 575 pages du roman.

Théberge coule des jours tranquilles à Paris, s’occupant de sa douce moitié, faisant en sorte qu’elle ne pense qu’à sa réadaptation. Victor Prose est à la recherche d’un livre rare mais pendant ses temps libres, il a établi un drôle de contact virtuel avec Phénix, un personnage aux idées bien particulières, qui prévoit la fin de l’Occident.

Enfin, tout Paris, réel et virtuel, s’émoustille sur une drôle de campagne publicitaire. Sur les bus de la capitale, ces mots apparaissent :

"10PHB…

… PLUS QUE DIX JOURS"

À chaque jour, le décompte se fait, inexorablement vers la dixième journée ; que s’y passera-t-il ? Chacun a sa version, son opinion, son idée !

Puis, une première victime est retrouvée dans le 1er arrondissement, « Blanc … Mâle, visiblement … Petit … Lisse comme celui d’un enfant … ». Et comme par hasard, ce mort étrange ne semble pas vouloir faire la une de l’actualité. Comme rien n’est simple et parce que cette première victime est le fils d’une personne haut placée de la société parisienne, un jeu de chat et de souris s’élabore entre la Police judiciaire et la DGSI.

Mais, quelques jours plus tard, deux autres cadavres sont retrouvés … dans le 2e arrondissement. Puis, trois autres, dans le 3e. Où cela va-t-il s’arrêter avant que la police résolve cette affaire ? Dix cadavres dans le 10e ? 16 dans le 16e ? L’affaire se complique ! Gonzague Leclercq, l’ami au même prénom que Théberge lui lance un appel pour l’aider dans cette enquête. « Rien de très prenant ; juste lui donner son avis » … pour débuter !

Et voilà les deux héros de Pelletier qui se retrouvent au centre d’une affaire … pour notre plus grand plaisir. L’enquête est difficile ! La panique gagne facilement les Parisiens. Les réseaux sociaux s’emballent ! Blogues, textos, tweets et statuts Facebook alternent avec les journaux papier ou télévisés. La spirale de l’information attire immanquablement la société occidentale vers le bas, le noir et l’insoutenable. Pièces de théâtre macabres, trafic d’humains et d’animaux, meurtres crapuleux et vengeances peuplent le quotidien.

Jean-Jacques Pelletier, maître de son style « journalistique », nous propose des chapitres courts, comme des flashes qui nous aveuglent et qui tourbillonnent dans la tête du lecteur. Malgré la cadence des événements et la diversité des sources d’information, le lecteur ne se perd jamais dans ce dédale glauque. Notre regard se tourne vers notre monde, dans celui où on vit et on ne peut que porter un jugement négatif sur notre soif d’informations, à tout prix.

Roman noir et pessimiste ? Oui, mais un excellent thriller qui offre aux lecteurs des moments plus joyeux où nous pouvons partager avec ces héros un bon vin et un bon repas et avec un humour. Et quelques clins d’œil qui font sourire !

Amateurs de Jean-Jacques Pelletier, vous ne serez pas déçus par ce roman riche en rebondissements. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, je vous conseille une incursion dans son monde, en commençant par son avant-dernier roman « Les visages de l’humanité ». Sans être une obligation pour comprendre « Dix petits hommes blancs », cela vous permettra de mieux connaître … les méchants ! Et oui !

Un dernier mot, un petit bémol concernant plus l’éditeur que l’auteur : il restait quelques coquilles assez évidentes qui auraient dû être corrigées. C’est un peu dommage, dans un roman de cette qualité !

Quelques extraits :

« Vous allez voir, l’inexistence peut être très agréable. »

« Un barman est par définition un cimetière de confidences. »

« Grand amateur de canard, autant confit qu’enchaîné, il choisit finalement une cuisse d’anatidé. Sa femme, par ailleurs un peu exaspérée par les intarissables critiques de son mari, opta pour la tête de veau … et précisa qu’il ne fallait y voir aucune intention éditoriale. »

« Les seuls secrets que l’on ne peut pas trahir sont ceux que l’on ignore. »

Bonne lecture !

Dix petits hommes blancs

Jean-Jacques Pelletier

Hurtubise

2014

575 pages

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A
Un titre qui me tente. Même si avec la référence avec cette chère Agatha, ce n'était pas gagné.
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R
Sûrement qu'il te plairait, Alex !
É
Chanceux toi! Pas encore reçu la chose, mais j'ai vraiment hâte!
Répondre
R
Tu devrais aimer ce dernier roman ! Encore du bon, du très bon Jean-Jacques Pelletier