19 Novembre 2014
Le polar est un genre littéraire qui permet tous les imaginaires : roman social ou psychologique, horreur ou enquête, roman noir, politique ou historique. À chaque année la palette des saveurs s’enrichit et le lecteur profite de cette diversité et de la qualité de plus en plus grande des romans proposés. À chacun son roman et les bibliothèques seront bien garnies !
De plus en plus, j’apprécie les polars historiques. De Maxime Houde à Hervé Gagnon, de Gyles Brandreth à Philip Kerr, en passant par la spécialiste du roman historique culinaire, Michèle Barrière et sans oublier, le Maître, Umberto Eco (à mon humble avis !!), l’amateur trouve une diversité de couleurs, de tons, d’ambiance … et de siècles. Il aime rencontrer des personnages, portraits de leur époque et découvrir des lieux anciens. Sans négliger, évidemment, le crime, l’enquête, le récit et la résolution, le lecteur de romans « policiers » historiques plonge avec ravissement dans un monde, souvent méconnu mais toujours étrange.
Maryse Rouy et son « Meurtre à l’hôtel Despréaux » répond parfaitement à nos attentes : un personnage principal avec un passé et un avenir (Il semble qu’il y aura d’autres histoires mettant en scène Gervais d’Anceny …) ; une époque qui nous a toujours intrigué, le Moyen Âge et des lieux étranges : monastères, châteaux et villes médiévales.
Pour souligner la visite de l’empereur germanique chez le Roi de France, Mathilde Despréaux organise un somptueux spectacle. Malheureusement, la fête est gâchée lorsque durant la pièce de théâtre, une jeune comédienne est assassinée. Compte tenu des circonstances, le fils de la châtelaine, Simon, est accusé et emprisonné. Certaine de son innocence, dame Despréaux fait appel à son oncle, l’oblat Gervais d’Anceny pour prouver l’innocence de son fils.
Le roman débute au retour de l’oncle au prieuré où il est copiste. Compte tenu de son expérience, l’adjoint au prévôt du Chatelet, lui demande d’écrire le récit de son enquête a des fins purement pédagogiques: aider les futurs sergents à comprendre les différentes étapes et les subtilités d'une enquête. Guillebert Coudrier rêve de remplacer le prévôt et cette chronique sur l’enquête que Gervais a réalisée, lui servira sûrement de tremplin. L’oblat (une personne qui rejoint une communauté en apportant une somme d’argent considérable mais qui ne fait pas de vœux) accepte et raconte l’histoire à son grand ami Godefroi, presqu’à l’agonie.
Voici comment le lecteur apprendra tout ce qui s’est passé pendant l’enquête sur le meurtre de la jeune comédienne. En alternance avec la lecture de ces chroniques, nous découvrirons le passé de Gervais d’Anceny, nous assisterons au quotidien du prieuré, nous souffrirons des difficiles privations pendant le Carême, nous serons témoins de disparition de nourriture et surtout, nous apprendrons à aimer cet enquêteur médiéval, avec ses doutes et ses questionnements.
Maryse Rouy nous transporte dans ce Moyen Âge qu’elle aime tout particulièrement et nous brosse un portrait très révélateur de l’atmosphère et de la vie au XIVe siècle. Sans jamais être didactique, l’auteure nous guide avec style et savoir-faire, dans les méandres d’une ville et dans les couloirs du prieuré, des prisons et des maisons de l’époque. On ne sent pas du tout la recherche ; toutes les informations s’intègrent parfaitement au récit. Cependant, un petit conseil, dès le début de votre lecture, allez découvrir le glossaire de la fin et lisez-le ; cet exercice vous permettra d’éviter de nombreux allers-retours pendant votre lecture.
Ainsi, vous pourrez profiter plus facilement de l’écriture souple et harmonieuse de cette auteure. Laissez-vous bercer par son style d’une fluidité transparente et par certaines trouvailles de langage qui m’ont beaucoup plu.
J’ai redécouvert Maryse Rouy avec un très grand plaisir. En prime, elle nous offre un personnage riche et complexe, qui devrait nous plaire pour encore quelques aventures. Partez à la découverte de cet hôtel Despréaux et assoyez-vous dans la salle des copistes, juste à côté de Gervais d’Anceny et lisez, avec plaisir, ce qu’il décrit. Un plaisir assuré.
Un dernier mot pour souligner la superbe page couverture, belle, très classe et avec une texture très agréable ! Une réussite ... comme le roman !
Quelques extraits pour le plaisir :
« Ce n’était pas au sujet de l’enquête qu’il redoutait d’avoir trop parlé, car il n’avait pas l’intention de lui cacher quoi que ce soit, mais plutôt cette attirance pour Jeanne Roussel qui lui donnait, dans son sommeil, des verdeurs de corps inattendues. »
« Mais toi, tu m’apportes ce qui est le plus précieux : les petites choses inutiles qui ravissent l’âme. »
« Ces divagations n’étaient pas convenables pour un homme ayant renoncé au siècle. »
« Toujours perdu dans sa mélancolique évocation, il ne s’aperçut pas que, le tour étant fini, les badauds, désireux de s’éloigner avant que l’animal n’arrive à eux avec son escarcelle, s’esbignaient sans se préoccuper de bousculer les passants. »
Bonne lecture !
Meurtre à l’hôtel Despréaux
Maryse Rouy
Les éditions Druide
2014
288 pages
La page de l’auteure sur le site des éditions Druide
http://www.editionsdruide.com/livres/automne-2014/les-chroniques-de-gervais-d-anceny-meurtre-a-l-hotel-despreaux/
Sur Info-Culture
http://info-culture.biz/2014/09/16/maryse-rouy-publie-la-premiere-chroniques-de-gervais-danceny-meurtre-a-lhotel-despreaux/#.VGu1E5OG8Sg
Dans le cadre des fêtes entourant la visite de l'empereur germanique au roi de France, dame Mathilde Despréaux, riche négociante en vin, fait donner un grand spectacle. Au cours de la ...
La page de l'auteure sur le site des éditions Druide
Maryse Rouy publie la première Chroniques de Gervais d'Anceny: Meurtre à l'hôtel Despréaux
Avec cette première Chronique de Gervais d'Anceny, Maryse Rouy revient au Moyen Âge, dont elle est spécialiste, et au polar, une combinaison qui lui a valu en 2003 le Prix Saint-Pacôme du roman...
Sur Info-Culture