La fascinante histoire de Victoria Bergman: "Persona"
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Je me méfiais de cette couverture noire m’annonçant un autre auteur suédois (même s’ils sont deux) qui pourrait captiver l’amateur de polars en moi. Est-ce que je me dirigeais vers une déception ou plutôt vers la découverte d’un digne descendant de Maj Sjöwall et Per Wahlöö ? La réponse se situe quelque part entre ces deux possibilités.
Mais ce qui est clair, c’est que j’ai très hâte de lire le deuxième tome (que je n’ai malheureusement pas !!)
Au début de ma lecture, j’ai été un peu décontenancé par la façon dont les personnages évoluaient dans l’action. L’enquête piétinait, la psy tergiversait et je me demandais ce que j’allais faire avec ce roman ! Mais au fur et à mesure de ma lecture, les deux auteurs m’ont carrément emberlificoté dans cette intrigue complexe. La découverte des personnages, de leur vie, de leur passé et de leur présent, me poussait à la recherche de leur avenir … et peut-être vers l’explication et la résolution des crimes commis.
Et me voilà pris dans le tourbillon. Accroché et scotché. Et en plus, cette fin ouverte, malgré la révélation finale, ouvre un champ vaste de possibilités … passionnantes.
Bon, il y a quand même une histoire … que j’essaierai de vous raconter sommairement.
Sofia Zetterlund est psychothérapeute. En plus de ses nombreuses occupations professionnelles, elle suit deux cas très difficiles : un ancien enfant-soldat et une femme, Victoria Bergman, ayant eu une enfance marquée par la violence. Les deux semblent avoir des signes de personnalités multiples.
Jeanette Kihlberg est chargée de l’enquête sur le meurtre d’un jeune garçon retrouvé près d’une station de métro. Le corps du garçon est sauvagement mutilé et étrangement, il est momifié. Très rapidement, un deuxième corps est retrouvé. Un tueur en série rôde donc dans la ville.
Les deux femmes ont des vies personnelles assez compliquées et nagent difficilement dans les eaux troubles de leur vie. En plus, les drames qu’elles côtoient à chaque jour, influencent grandement leurs actions au quotidien. Mais, inexorablement, on sent que ces deux femmes vont se rencontrer et que le choc ne sera pas banal. Loin de là !
Dans des allers-retours complexes entre l’enquête de la policière et les thérapies de la psychologue, on plonge dans les méandres de la pensée humaine, troublée et perturbée et, bribe par bribe, on voit se matérialiser les étranges portraits des victimes qui peuvent devenir des bourreaux. Jusqu’où ces personnes aux psychologies multiples et aux comportements déviants peuvent-elles se rendre dans la spirale du mal ?
« Persona » est un roman difficile d’approche mais une fois maitrisé, il devient tout à fait passionnant. Malgré une structure un peu complexe, on réussit à bien suivre le déroulement. L’approche que je vous conseille est de le commencer comme un roman qui compte trois tomes et non comme un récit de 500 pages. Les auteurs prennent le temps d’installer les personnages, nous montrent toutes les nuances de leurs pensées profondes et nous amènent graduellement vers des moments très prenants, avec des rebondissements étonnants.
J’attendrai donc avec impatience la sortie du 2e tome en livre de poche pour retrouver cette vie passionnante de Victoria Bergman.
Voici quelques extraits … pour vous mettre l’eau à la bouche :
« Combien de souffrance un être humain peut-il infliger aux autres avant de cesser lui-même d’être un être humain et de devenir un monstre ? se demanda-t-elle. »
« Dans l’album qu’elle a sous les yeux, elle vieillit à chaque page qu’elle tourne. Les saisons et les gâteaux d’anniversaire se succèdent. »
« Les mythes sont tangibles. »
« Elle voulait faire la différence entre mal tourner et mal agir. »
Bonne lecture !
Persona
Les visages de Victoria Bergman, tome 1
Erik Axl Sund
Actes noirs
2013
475 pages
La page des auteurs sur le site d'Actes Sud
Une présentation de "Persona"