25 Juin 2014
Pas encore un autre livre sur Jack l’éventreur ?
Ben oui !
Et ?
C’est très, très bon !
Avec « Jack », Hervé Gagnon a réussi une mission presque impossible, intéresser un lecteur de polars avec une histoire qui nous parle encore de Jack the Ripper ! Oui, oui, intéressant et même passionnant !
Il est évident que cet auteur a du métier. Hervé Gagnon possède une feuille de route riche et bien remplie. Historien et muséologue, il a écrit quelques séries historiques pour la jeunesse et pour les adultes. J’avais plus particulièrement adoré les deux tomes de "Malefica", l’histoire de cette belle rousse aux prises avec l’inquisition et l’ignorance.
Bref, soyez certain que vous ne vous ennuierez pas en lisant les romans de cet auteur : de l’action, des rebondissements, de l’histoire, grande et petite et des personnages attachants. La finale de ce premier polar était tellement pleine de renversements que je me suis senti comme une crêpe !
Mais d’abord, situons l’histoire !
Montréal, 6 août 1891, peu avant minuit. Dans les quartiers sales et glauques du sud de la ville, un meurtre est commis. Une prostituée est assassinée ! Comme dernière pensée, dans les mains de son cruel assassin, elle se demande si mourir fera mal, habituée qu’elle est, aux pires souffrances de la vie. Elle meurt, et ça n’intéresse personne ! Ni la police ni la presse et encore moins les ouvriers de ces quartiers qui se battent pour leur survie.
Joseph Laflamme est journaliste ou du moins, il espère être engagé par un journal. Il survit en vendant ses articles à la pige. Il demeure avec sa sœur, Emma qui, elle, essaye de joindre les deux bouts en faisant de la couture à la maison. Joseph est amoureux de Mary O’Gara, une jeune péripatéticienne qu’il s’achète de temps en temps. Quand il en a les moyens et quand la boisson lui laisse un peu d’énergie.
Ce matin, au journal, il apprend le meurtre d’une prostituée. Effrayé par la possibilité que ce soit sa belle Mary, il court à l’hôpital et se rend compte que la victime lui est complètement inconnue. Cependant, il apprend alors les circonstances de l’agression sauvage et conclut, de concert avec le médecin, qu’un tueur fou se cache à Montréal. Il y voit, enfin l’occasion de faire ses preuves. Il se lance donc dans une enquête personnelle, à l’encontre des recommandations des policiers, à la poursuite de bons sujets d’articles et probablement, de l’assassin.
Quels sont les liens entre le tueur de Montréal et celui de Whitechapel, disparu il y a trois ans ? Jack The Ripper aurait-il traversé l’Atlantique ? Cette série de meurtres dans la métropole québécoise ressemblent étrangement à ceux commis dans la capitale anglaise.
Tout au long de cette quête de vérité à saveur de scoops journalistiques, Joseph Laflamme se frottera à une police municipale laxiste, à un pouvoir politique qui n’aime pas qu’on fouille dans ses affaires et à de mystérieux Francs-Maçons qui semblent être impliqués dans cette histoire.
Hervé Gagnon répond à toutes ces questions en nous concoctant une intrigue bien ficelée et en installant une tension qui augmente au fil des pages. En plus, il nous dépeint d’une façon fort réaliste, l’atmosphère de cette fin de siècle dans les quartiers mal famés du Red Light montréalais. Pas une page d’ennui, pas un chapitre inutile, une écriture efficace qui emporte le lecteur vers une finale imprévisible.
L’auteur s’amuse même à jouer avec le lecteur. À un certain endroit, j’ai remarqué une incohérence (plaisir de lecteur !!!) ; immédiatement, je l’ai notée dans la marge. Puis un peu plus loin, sans avertissement et avec finesse, une explication venait éclaircir la chose ! L’incohérence s’était transformée en un fait réaliste, parfaitement en accord avec le temps, l’espace et les faits du roman… J’étais victime de mon désir de prendre en défaut un auteur qui réussissait à me clouer sur ma chaise de lecture. Bravo l’artiste !
Alors, inutile de vous dire que je vous recommande grandement ce premier polar d’Hervé Gagnon. Vous y découvrirez des personnages sympathiques, attachants à cause de leur humanisme, malgré leurs défauts. Et comme moi, vous souhaiterez retrouver ce journaliste dans une prochaine enquête.
Bonne lecture !
Voici quelques extraits :
« Le plus vieux métier du monde, disait-on. Martha Gallagher n’était peut-être pas instruite, mais elle n’était pas stupide non plus. Si le premier client avait eu de quoi payer, c’est qu’il existait forcément au moins un métier plus vieux que celui de prostituée. »
« Avec un frisson d’appréhension, il se rendit soudain compte que la distance qui le séparait de la prison s’était considérablement réduite. »
« God save the Queen, Great Britain and Ireland, and our Order. »
Jack
Hervé Gagnon
Expression noire
2014
400 pages
Samedi et rien d'autre | ICI Radio-Canada Première
Les meilleurs moments : Émission du samedi 21 juin 2014 Art de vivre Prochain départ : le Groenland Quand nous pensons aux prochains voyages, c'est souvent l'Asie, l'Amérique du Sud ou l'Europe qui
http://ici.radio-canada.ca/emissions/samedi_dimanche/2013-2014/
Choisi comme meilleure lecture de l'été par Norbert Spehner
Hervé Gagnon | Libre Expression
Hervé Gagnon détient un doctorat en histoire et une maîtrise en muséologie. Il a connu un grand succès au Québec et en France avec ses séries Le Talisman de Nergal, Damné, Vengeance et Male...
http://www.editions-libreexpression.com/herve-gagnon/auteur/gagn1088
La page de l'auteur sur Libre Expression
« L'historien travaille avec les faits connus. Le romancier remplit les vides. »