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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Le jardin de bronze de Gustavo Malajovich

Le jardin de bronze de Gustavo Malajovich

« Le jardin de bronze » est une de mes premières incursions dans le monde du polar argentin. Il est vrai qu’en général, je connais très peu la littérature de l’Amérique du sud ; Gabriel Garcia Marquez et Mario Vargas Llosa sont mes seuls repères (quand même pas les moindres !). Alors, appel à tous. Il serait intéressant que vous, lecteurs de mon blogue, vous nous fassiez part dans les sections commentaires, des incontournables à lire pour une bonne introduction à cette littérature, peu connue.

"Le jardin de bronze" est le premier roman de Gustavo Malajovich traduit en français. Il faut reconnaître à la maison Actes Sud, sa capacité à nous faire découvrir les bons filons ( et ses pages couvertures fascinantes). Cet auteur argentin, architecte de son métier, maintenant scénariste pour la télévision, nous propose un roman touffu, dérangeant, avec un style unique et une gamme d’émotions bien présentes. Cette porte d’entrée à l’œuvre de cet auteur (il semble que ce soit le début d’une série) et à la littérature argentine est pleine de promesses.

« Le jardin de bronze » est un roman inquiétant, un peu déstabilisant et qui transporte le lecteur dans un imaginaire tout à fait particulier, un monde étrange qui côtoie quand même, une réalité plus normale. Une réalité plus normale ? Non pas vraiment ! Lila et Fabian vivent ensemble avec leur fille Moïra ; plus ou moins heureux, un peu en questionnement mais surtout rassemblés fragilement par la présence de leur fille de quatre ans. S’ajoute à la famille, Cecilia, la « baby-sitter » qui s’occupe de la petite.

Puis le malheur arrive ! Cecilia et Moïra se rendent en métro à une fête ; jamais elles n’arriveront. On perd leur trace dans le métro de Buenos Aires. Puis, on retrouve, dans une arrière-cour, le corps de la nounou, troué de deux balles à la poitrine et avec une étrange blessure au cou. Aucune trace de la petite Moïra.

Commence alors un long calvaire pour les parents ! Insupportable ! L’enquête piétine, la police cherche mais les zones d’ombre sont nombreuses et infranchissables. Font-ils le maximum ? Mettent-ils toute l’énergie nécessaire ? Cachent-ils des faits ? Protègent-ils quelqu’un ?

L’incertitude, le découragement, les questions sans réponses viennent à bout de la résistance et du courage de la mère. Abattu mais encore capable de se battre, Fabian, le père, s’allie avec un détective privé aux méthodes d’investigation qui ne plaisent pas à la police locale. Une complicité s’installe entre le père et le détective, complicité qui dépasse le simple engagement d’un privé dans une affaire d’enlèvement.

Les mois passent, la disparition de l’enfant ne fait plus la une des médias et le père, muni de son mince bagage d’espoir, croit toujours que sa fille est en vie. Voilà toute la puissance de ce roman : la capacité de l’auteur à immerger le lecteur dans les pensées, les malheurs et les émotions de son personnage. L’intimité se crée entre le personnage et celui qui tourne les pages ; on devient graduellement ce père, perdu, malheureux, qui cherche désespérément un sens à cette perte immense et qui nourrit un espoir qui se matérialisera, un jour, dans une petite araignée sculptée dans le bronze.

L’auteur nous invite à un véritable voyage dans un Buenos Aires noir, peuplé de mendiants, de junkies apeurés, de bars mal famés et de rues sinistres, très loin des lieux touristiques et sans la musique du tango argentin.

« Le jardin de bronze » s’avère une lecture fascinante malgré le malaise qu’elle crée chez le lecteur. Juste à la lecture du préambule, on se sent comme décontenancé, un peu en déséquilibre, par ce personnage anonyme qui avoue, dès les premières phrases :

« Aujourd’hui, dans le ravin, il s’est produit quelque chose de terrible.

J’ai dû tuer papa. »

Voilà le ton est donné ! La quête commence ! Il nous reste 525 autres pages pour découvrir ce monde étrange et fascinant du jardin de bronze. « Le jardin de bronze » est le roman de la détresse, du découragement et de l’espoir. Un roman envoûtant qui vous laissera sans voix.

Il me semble que « Le jardin de bronze » est le premier roman de Gustavo Malajovich. Soyez certain d’une chose, j’attendrai son prochain avec beaucoup d’impatience. S’il recrée une atmosphère aussi prenante, s’il nous tisse une intrigue aussi bien ficelée et s’il est capable de nous replonger dans cette Argentine aux accents inquiétants et si ses personnages arrivent à nous toucher toujours autant, nous serons sûrement nombreux à admirer ses futurs jardins.

Voici quelques extraits :

« Elle le regarda avec des yeux qui avaient la couleur d’un fleuve en mouvement. »

« Il cherchait quelque chose qu’il devinait tout proche, mais sans pouvoir le définir. Vision périphérique, une matière fuyante que l’on ne captait qu’avec la partie latérale de l’œil, qui s’évanouissait si on la regardait de face. »

« Le visage de la femme obéissait à une géométrie plus représentative d’un tableau cubiste que d’un être vivant. »

Bonne lecture !

Le jardin de bronze

Gustavo Malajovich

Actes Sud, actes noirs

2014

526 pages

Une présentation de l'auteur ... en espagnol !

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S
pas de demi-mesure,je le classe pour moi dans le top5(peut être même dans le Top3!!!)
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R
Oui, il est excellent ... mais de là à le mettre dans mon top 5 ... Je vois une petite marge !
C
Super beau roman. Il m'a tenu en haleine tout au long. Je suis friande de ce type de lecture et M. vous avez écrit un très bon livre
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R
Merci beaucoup madame Lamarre !<br /> Et au plaisir de vous lire !<br /> Bonne lecture !
M
Bonjour !<br /> Quelle belle découverte cela a été, pour moi aussi ! Un délice du genre, il me hante encore. C'est sombre, moite et angoissant, et la folie guette. Un vrai régal. Je l'avais chroniqué sur mon blog Littéraventures également.<br /> Un vrai bonheur, en tous les cas. <br /> A bientôt, <br /> Mary
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R
Merci beaucoup pour votre commentaire, Mary !<br /> Je pars immédiatement à la découverte de votre blog et ainsi lire ce que vous dites de ce superbe roman.<br /> Au plaisir de vous lire!<br /> À très bientôt
A
Je viens de terminer le jardin de bronze, ouvrage d'atmosphère, fascinant, hypnotique, oppressant. J'ai été en totale empathie avec Fabian dans sa quête interminable, j'ai souffert avec lui et j'ai pleuré quand enfin le dénouement est arrivé. Les retrouvailles étant aléatoires. Ce livre est spécial, tout en finesse, extrêmement bien écrit avec des réflexions philosophies sur la vie il ne ressemble pas du tout aux policiers classiques. C'est une œuvre à part, celle d'un artiste qui fait une véritable création littéraire. Gustavo Malajovich est entré dans ma vie et je vais le suivre.<br /> Merci pour ce beau roman.<br /> Anne
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R
Tout à fait d'accord avec toi, Anne !<br /> Moi aussi, je vais suivre avec intérêt la carrière de cet auteur.<br /> Bonne lecture et merci pour ton commentaire fort pertinent !
A
Ca a l'air noir de chez noir.
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R
Un peu, Alex mais tellement bon !<br /> Tu devrais aimer !<br /> Bonne lecture !
V
je note rien que pour la possibilité de voyager...
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R
Alors, je te souhaite un excellent voyage !<br /> Bonne lecture, Violette !
N
Salut Richard,<br /> <br /> D'accord avec toi: un auteur à découvrir. Je l'ai au programme de ma chronique dans la Presse + de dimanche prochain (en imprimé plus tard) avec les Chiens de Belfast, de Sam Millar (si tu veux te faire sérieusement brasser les neurones !) et de deux nouveaux suédois avec Dark Secrets. Que des 4 étoiles ! Bien content de voir que tu as repris du service (j'étais parti à Québec et j'avais manqué ton come back ! ).<br /> <br /> Norbert
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R
Bonjour Norbert,<br /> J'avais hâte d'avoir ton avis sur ce nouvel auteur.<br /> Et comme j'ai beaucoup aimé On the Brinks, j'ai très hâte de me faire secouer par Les chiens de Belfast. <br /> Et je lirai surement ces nouveaux suédois ...<br /> Merci pour ton mot !<br /> Je t'enverrai, sous peu, un petit cadeau, concocté avec beaucoup de bonheur, au cours de la dernière année !<br /> Amitiés<br /> Richard
A
je suis un peu en panne de polar en ce moment ....... peut être celui-ci pourrait être la première marche vers la guérison !
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R
En effet, je crois bien qu'il pourrait être un excellent dépanneur !<br /> Bonne lecture !
M
J'ai lu votre critique de ce roman d'un auteur qui m'était inconnu jusqu'à aujourd'hui. Je viens de l'acheter en format numérique et après la lecture de la première page, je suis déjà accrochée. Merci infiniment de nous mettre au courant de vos coups de cœur de la littérature policière, celle que je préfère depuis toujours.
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R
Merci beaucoup madame Simard !<br /> Ce genre de commentaire est vraiment plaisant à recevoir ... Vous êtes mon salaire de blogueur !<br /> Au grand plaisir de vous lire !<br /> Merci !
S
Ce roman-là me tente beaucoup parce que j'aime la littérature hispano-américaine. En matière de polars, rien qu'en Argentine, il y a vraiment de quoi faire. Tu connais certainement Carlos Salem et Ernesto Mallo. Plus intellectuels : Guillermo Martinez et Pablo de Santis. Récemment traduits dans de petites maisons : Leonardo Oyola, Miguel Angel Molfino, Diego Paszkowski, Alejandro Maciel. Pour commencer, ça devrait suffire :-) Je reviendrai pour les Péruviens, Mexicains...etc. !
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R
Merci Sandrine !<br /> Je prends note de ces auteurs. Effectivement je connais bien Carlos Salem et Ernesto Mallo mais les autres seront des découvertes.<br /> Merci beaucoup !<br /> Je ne serai surement pas le seul à prendre en note les auteurs que tu nous suggères.<br /> Merci, merci !
L
le hasard fait bien les choses Richard car je viens tout juste de tourner la page de ce roman hier soir ! ( il fera l'objet de ma prochaine chronique donc). Un roman dérangeant à l'atmosphère lourde, oppressante à mesure que l'on avance dans le roman ! Une vraie réussite pour moi et j'avoue que j'ai hâte de lire à nouveau ce brillant auteur ! Amitiés
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R
Et bien, encore une fois, chère petite souris, nous sommes d'accord ! <br /> J'ai bien hâte de lire ta chronique !<br /> Amitiés