1 Novembre 2013
«Croyez-moi ... Si les romans ressemblent ne serait-ce qu’un peu à l’homme, vous êtes mûrs pour une expérience très spéciale.» R.J. Ellory
Habituellement, je prends ces «phrases publicitaires» avec un sourire un peu cynique ... Mais là, comme je connais les deux auteurs, je peux y souscrire avec conviction.
«Une maison de fumée» est un roman à l’image de François Lévesque: humain, bien écrit, souvent touchant, parfois drôle ! L’histoire est passionnante, le récit se développe en tissant une toile enveloppante autour du lecteur, truffé de rebondissements et conclus dans une finale imprévisible ! Un très bon moment de lecture !
Malacourt est un petit village québécois, loin des grands centres, où généralement la vie coule ses jours, comme un long ruisseau tranquille !
Tranquille ? Pas toujours ! Septembre 1982, deux événements viennent déranger le calme et la sérénité des habitants: deux fillettes disparaissent. Et la même nuit, un incendie se déclare dans la maison de l’enseignante, adorée de tous, Diane Chartier. La jeune enseignante périt dans l’incendie mais on réussit à sauver des flammes son jeune fils, Dominic. Existe-t-il un lien entre ces deux drames ? Retrouverons-nous le corps des deux jeunes filles ?
Trente ans plus tard, le village est encore secoué par la disparition d’une fillette de 11 ans. L’enlèvement hypothétique de Léanne Saint-Arnaud rouvre de vieilles plaies pas encore cicatrisées. Les similitudes entre les disparitions laissent perplexes les habitants du village. Pourtant, l’infâme directeur d’école, le pédophile qui a enlevé, agressé et tué les deux jeunes, en 1982, croupit encore en prison.
L’enquête est menée par Vincent Parent de la Sûreté du Québec. Toutefois, Dominic Chartier, l’enfant sauvé de l’incendie de sa maison, maintenant policier à Montréal, s’interroge sur les circonstances de tous les événements qui marquent le village de Malacourt. Il demande alors un congé et retourne dans sa ville natale ... dans le but évident de trouver des réponses à ses interrogations.
Malgré quelques réticences, l’agent de la Sûreté du Québec accepte officieusement d’intégrer Dominic à son enquête. Commence alors une enquête passionnante, autant dans les faits à analyser que dans cette longue descente vers le passé ... pouvant éclairer le présent. À travers les yeux des villageois, Dominic Chartier revit ces moments tragiques qui ont soudainement brisé la magie de son enfance et découvre graduellement, par petites bribes, par petites touches, le tableau impressionniste de sa jeunesse.
François Lévesque nous trace le portrait d’un policier en quête de vérités, autant celle des crimes que celle de son histoire personnelle. Avec une touche de sensibilité et une humanité à fleur de peau, il offre au lecteur un voyage captivant dans la redécouverte de l’enfance de son personnage. Le lecteur est attaché, il se laisse emporter de rebondissement en rebondissement et à la fin, il se laisse surprendre par l’imagination de l’auteur. Tout s’explique, ça se tient ! Et on applaudit l’auteur pour nous avoir eu ! Du commencement à la fin !
Encore plus que le récit, vous serez également conquis par la justesse et la profondeur des personnages. Encadrés par des villageois crédibles et parfois très typiques, les personnages principaux prennent toute leur mesure. On découvre les deux policiers avec plaisir, on fouille dans le passé de la vieille maitresse d’école, madame Berthe, et surtout, on scrute le passé de la mère de Dominic, la très belle Diane.
Et je dois dire que j’aime particulièrement son personnage de policier, cet enquêteur de Montréal, Dominic Chartier qui est accro à une seul drogue, les comprimés antiacide. Et ce, malgré les combats qu’il mène inlassablement contre les démons et les fantômes qui hantent son passé. Personnellement, j’espère le retrouver dans de prochaines enquêtes.
Alors, pour ceux qui ne connaissent pas François Lévesque, «Une maison de fumée» ouvre une bien belle porte d’entrée vers son univers. Vous pourriez également faire connaissance avec «Les carnets de Francis» une trilogie regroupant ses trois premiers romans pour adultes.
Bonne découverte !
Voici quelques extraits:
«Dans son for intérieur, Dominic savait ce qui le rongeait. Il n’avait pas vraiment pris la décision de retourner dans le village de son enfance.
La décision s’était imposée.
Il n’avait pas le choix.»
«À l’instar de la nature qui avait horreur du vide, les villages avaient horreur des questions qui demeuraient sans réponses.»
«Il repensait à elles, parfois. Et il était alors envahi par un sentiment troublant: celui du devoir accompli en toute illégalité.»
«Il aurait bien voulu grimper par-dessus la rambarde pour affronter la rivière en plongeant son regard dans celui des Fées ...»
Bonne lecture !
Une maison de fumée
François Lévesque
Alire
2013
237 pages
François Lévesque est né en 1978, en Abitibi-Témiscamingue. Fasciné dès son plus jeune âge par les arts en général et le cinéma en particulier, il se découvre une passion pour l'écritur...
Sa bio !
Malacourt, septembre 1982. Deux fillettes se volatilisent sur une route de campagne près de la petite ville. La même nuit, Diane Chartier perd la vie dans l'incendie criminel de sa maison. Son fils
La page de l'éditeur
Apprenez-en plus sur François Lévesque. Le Devoir, le quotidien indépendant par excellence au Québec depuis 1910.
Pour les amateurs de cinéma, l'auteur étant critique de cinéma au journal Le Devoir, voici un lien vers ses derniers articles.
Critiques d'ici : François Lévesque
À l'emploi du Devoir depuis cinq ans, François Lévesque est une des plumes les plus polyvalentes du quotidien de la rue De Bleury, signant dans le cahier des arts des textes touchant le cinéma,...
http://blogues.lapresse.ca/moncinema/siroka/2013/08/22/critiques-dici-francois-levesque/
Pour en savoir encore plus ...