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12 Novembre 2013
«On a tous quelque chose à cacher»
Je lis rarement la 4e de couverture pour voir si le roman que j’ai entre les mains pourrait me plaire. La page de couverture attire mon oeil de curieux mais rarement celui de l’acheteur. J’avoue que le nom de l’auteur est un élément marquant dans mes décisions, mais ce qui me touche particulièrement, ce qui guide très souvent mon choix de lecture, ce sont les incipits, les premières phrases des romans.
Et toujours, je décuple mon plaisir en les relisant quand j’ai terminé ma lecture. Parfois, je relis même le premier chapitre pour revoir ce que l’auteur m’a caché. Et les questions surgissent. Est-ce que ma lecture a confirmé mes présomptions ? Est-ce que ces premières phrases ont tenu leurs promesses ? Est-ce que l’auteur a été à la hauteur de ses premiers mots ?
Martin Michaud a écrit un premier paragraphe complètement ahurissant, qui tient largement ses promesses:
« Je n’ouvre jamais les yeux dans l’eau. J’ai peur des forces qui gravitent sous la surface, des formes noires qui ondoient dans l’ombre; peur d’y croiser un visage putrifié ou que la mort me saisisse par la cheville et me fige dans le limon jusqu’à ce que la dernière molécule d’oxygène ait quitté mes poumons. Cette règle, je la respecte aussi à la piscine, car on ne sait jamais avec certitude ce qui se trame sous la surface.»
Je vous recommande fortement «Sous la surface» car c’est un excellent thriller ! Mais, je vous recommande aussi, de relire ce premier paragraphe après votre lecture ... Vous aurez probablement oublié son contenu et ce petit retour vous étonnera sûrement !
Sans trop en révéler, voici donc l’histoire. 20 octobre 1991. Deux amoureux se laissent difficilement. Ils sont heureux, ils sont jeunes, l’avenir est devant eux. Dans 25 ans, ils se donnent rendez-vous à la Place des Vosges, à Paris. D’ici là, rien ne peut leur arriver. Et pourtant !
25 ans plus tard, dans l’avion qui transporte un candidat à l’investiture démocrate, Leah Hammett, la femme du favori, reçoit un texto intriguant, lui rappelant ce rendez-vous. Comment cela est-il possible ? Chase, l’amour de sa jeunesse, ne peut aucunement envoyer ce texto: il est mort !
Nous sommes la veille du Super Tuesday, ce fameux mardi, déterminant pour la nomination des candidats démocrates et républicains qui aspirent à la présidence des États-Unis. Le moment est crucial ! Ce texto est-il une manoeuvre politique, pour nuire aux aspirations de Patrick Adams, le mari de Leah ? Qu’est-ce qui se cache derrière ce rendez-vous manqué ?
Décontenancée par ce message, hantée par certains événements du passé, confuse devant les ennemis politiques de son mari et entourée par une brigade protectrice, Leah se sent investie de la mission de faire toute la lumière sur cette affaire. Le passé resurgit à grands coups, les drames s’accumulent, les histoires d’amour et d’amitié se croisent et se décroisent, les trahisons apparaissent au grand jour ! Et autour des appareils politiques fébriles et nerveux, des personnes meurent. Parce qu’ils en savaient trop ? Parce qu’ils allaient parler ?
Dans un roman haletant qui vous prendra aux tripes, Martin Michaud ne vous laisse aucune chance: dormez bien la veille de votre lecture car il se peut que vous passiez une partie de la nuit à lire un dernier chapitre. Puis un autre. Et encore un dernier. Pour vous rendre jusqu’à la fin, essoufflé par les multiples rebondissements, soufflé par la finale et saoul de contentement ...littéraire !
Et dans un style précis, chirurgical, nous frappant à répétition avec des chapitres courts, rythmés par l’action, orchestrés de main de maestro, presque à la baguette, Martin Michaud nous entraine dans un tourbillon infernal d’événements et d’intrigues, qui nous précipitent vers un dénouement tout à fait imprévisible.
Enfin, j’aimerais souligner le courage littéraire de l’auteur, d’avoir, temporairement, donné un congé (sans solde ?) à son personnage de Victor Lessard pour nous raconter cette histoire prenante qui nous scotche dans notre fauteuil préféré. Et de nous avoir laissé, parsemés au fil de son écriture, quelques clins d’oeil adressés aux amateurs de polars et de romans policiers ( en passant, est-ce que Leah Hammett aurait un certain lien de parenté littéraire avec Dashiell ?).
Alors, amateurs de Connelly, de Lehane, de Ludlum ou de Coben, n’hésitez pas. Partez à la découverte de Martin Michaud qui se révèle de plus en plus comme un incontournable du polar francophone. Avec «Sous la surface», vous vous plongerez dans un excellent thriller québécois ... à l’américaine. Laissez-vous emporter par ce thriller efficace qui ne vous laissera aucun répit.
Quelques extraits ... sans trop en dire !
«Le temps passe et, à mesure que nos illusions se désagrègent, on a tous quelque chose à cacher. Lorsque le sommeil nous échappe, on espère que le matin tendra un voile sur nos remords. Mais quand on se réveille, la réalité tranche le monde en deux. Et tandis que mon passé enroulait ses doigts autour de ma gorge pour m’asphyxier ...»
« Parce que vous pouvez parier votre dernière chemise que si ces salopards de républicains le découvrent, ils vont couper les couilles de votre protégé et vous les servir en salade.»
«La vie n’est pas un conte de fées ...»
« Les applaudissements claquaient comme des crachats sur mon visage.»
Bonne lecture !
Sous la surface
Martin Michaud
Les éditions Goélette
2013
352 pages
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Description On peut n'être que témoin de son existence, mais parfois les gestes que l'on pose nous ramènent des années plus tard à l'origine des choses. Et quand on a tout perdu, même le nom ...
http://www.editionsgoelette.com/1708-livre-romans-romans-sous-la-surface.html
Le site de la maison d'édition
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http://carnetsnoirs.wordpress.com/2013/10/16/qui-se-cache-sous-la-surface/
"Sous la surface" sur Carnets noirs
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Le site de Martin Michaud
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