15 Novembre 2013
Aujourd’hui, je me permets une petite incursion dans un monde littéraire bien particulier, loin du polar mais quand même tout près des émotions que l’on peut y rencontrer. Je dirais même que la poésie de «Quand j’étais italienne», son réalisme et surtout l’expression du drame intérieur du personnage, pourraient sûrement être des amorces à un excellent roman noir.
Mais ne vous éloignez pas trop, amateurs de polars ou non! «Quand j’étais italienne» est un petit livre qui saura atteindre votre coeur et émouvoir les plus durs d’entre nous. Parfois, la réalité simple, même simpliste, atteint plus facilement nos cordes sensibles. Et une bonne dose d’émotions, quelques larmes au coin des yeux et une âme qui se met à réfléchir, ça ne peut que nous rendre plus humain. Voici un texte sur la tolérance, voici un texte sur la différence, ni roman ni essai, il se lit tout d’une traite... avec quelques arrêts pour la réflexion et pour sortir un papier mouchoir ou deux.
Sylvie Laliberté est née d’un père québécois et d’une mère d’ascendance italienne. Dans ce petit livre (très beau d’ailleurs), elle nous raconte sa honte. Et surtout celle de sa mère,sa honte d’être Italienne et ce long chemin, tortueux et douloureux, à devenir comme les autres et à renier ce qu’elle était réellement, en elle.
Et tout ça a commencé à l’école, pour cette enfant qui était quand même née à Montréal:
"« Aller dans le coin», c’est une punition. On met la personne dans le coin, et elle doit regarder le coin de très près. On peut même lui écraser le nez dedans. Je le sais, parce que ma mère me l’a dit. On l’a beaucoup punie à l’école parce qu’elle était Italienne. Finalement, elle a compris et elle a arrêté."
À partir de ce moment, le lecteur plonge dans un récit, tout en poésie, d’une violence psychologique subtile et insidieuse, en découvrant le mal que chacun doit faire pour accepter sa différence, pour arrêter de la cacher et surtout, pour la vivre pleinement.
Ce récit de Sylvie Laliberté, la fille d’Angelina Malatesta et du grand-père Pardo est émouvant, touchant. Chaque phrase, chaque photo, chaque émotion, rend le lecteur témoin d’une douleur silencieuse, insidieusement inguérissable parce qu’elle s’est incrustée dans l’inconscient.
L’histoire est triste. D’autant plus triste qu’elle est réelle. L’auteure a su, avec des mots simples et des phrases écrites à l’encre de son amour filial, décrire les différents événements qui l’ont amenée à vivre cette honte qui fait mal:
Je vous recommande cette lecture ... très chaudement, obligatoirement !
Il y a de ces livres dans notre vie, des livres qui doivent nous accompagner, nous éduquer, nous remettre dans le droit chemin, le chemin de l’humanité. Pour éviter que d’autres aient aussi à écrire ces mots:
«Bien sûr que j’ai honte. La honte transmise d’une maman à ses petits animaux. J’ai honte, un peu toujours et à propos de tout.
Honte d’écrire tout ça, d’écrire comme ça.»
Comme lecteur de ce petit bijou, je me permets d’emprunter à la mère de l’auteure, cette phrase magnifique, que j’adresse directement à vous, madame Sylvie Laliberté:
«Merci d’être venue, je n’osais pas me laisser toute seule.»
Bonne lecture !
Quand j’étais italienne
Sylvie Laliberté
Éditions Somme toute
2013
92 pages
Le site de l'auteure
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