26 Novembre 2013
«Les secrets sont encore là, chuchota-t-elle, comme si des oreilles intruses pouvaient les entendre.»
Commencer la lecture d’un roman d’un auteur qui nous est inconnu, est toujours un exercice intéressant. Dès les premières pages, tu fais connaissance avec le style, son talent de conteur, la crédibilité de ses personnages. En attente de la première phrase qui te clouera sur ton siège ou même qui te donnera une première émotion. Selon ce que tu es, tu es prêt à donner une seconde chance ou à porter un jugement définitif. Comme dans un entretien d’embauche, les premiers moments sont déterminants. Et alors, à un moment donné, jamais le même, tu te dis : une découverte ou une déception ?
J’aime ressentir ces premiers pas à la découverte d’un auteur. Sandra Martineau m’a donné l’occasion de vivre ces moments avec «Les blessures du silence», son troisième roman, après «Confiance aveugle» et «Promotion en enfer». Étant donné que seulement «Confiance aveugle» était disponible au Québec, je n’avais pas eu l’occasion de lire cette jeune auteure.
Alors, déception ou découverte ?
Une découverte ! Un bien belle découverte.
Une excellente histoire, bien racontée, dans un style fluide, qui vous accroche et qui vous transporte vers une finale anticipée (un peu !) et crédible. Un bon moment de lecture ! «Les blessures du silence», un roman où les paroles se comprennent parfois beaucoup moins rapidement que les silences. Des silences qui blessent mais des paroles qui n’ont malheureusement pas le don de guérison !
La pièce est sombre. Florence attend. Elle attend depuis quelques jours l’inéluctable fin que lui réserve son kidnappeur. Pas encore résignée, mais à bout de forces, elle tentera l’ultime geste.
Alice vient de quitter l’homme avec qui elle partage sa vie. Elle en a assez, elle veut retrouver sa liberté. Dans des circonstances bien particulières, elle disparaît sur une route peu fréquentée.
L’enquête est confiée à Antonia Scarone, une jeune policière de l’OPJ avec du caractère. J’avoue que j’ai bien aimé ce personnage, sa complexité et le traitement que l’auteure en a fait. Ses problèmes personnels, sa tenue de l’enquête et la découverte de sa personnalité, en font un personnage attachant qu’on aime suivre. Sera-t-elle un personnage récurrent ?
«Déjà toute petite, elle se battait contre l’intolérance et l’injustice. Volontaire, voire têtue, elle n’avait de cesse de prouver aux autres qu’elle était différente et qu’il fallait l’accepter comme telle.»
L’autre personnage principal de ce roman est franchement beaucoup moins sympathique. Yohann Dantec est un jeune journaliste qui veut faire sa marque. Avec son ambition démesurée, son intention d’être un super journaliste d’enquête et l’ objectif d’impressionner son patron, il est prêt à tout pour se démarquer. Il suivra l’enquête, provoquera des choses et parfois même, il commettra des gestes illégaux pour faire avancer l’enquête ( ou sa carrière ). L’auteure a su mettre dans ce personnage tous les travers négatifs qu’on peut souvent rencontrer chez certains journalistes de «journaux à sensations»! Mais en même temps, au fur et à mesure de son enquête, on apprend des événements de son passé qui expliquent bien des choses. Que s’est-il réellement passé ? Qu’est-ce qui s’est caché dans son subconscient et qui vient le tourmenter à chaque nuit !?
Sandra Martineau réussit dans ce roman à développer une intrigue de façon à maintenir l’intérêt de son lecteur. À petites touches impressionnistes, elle fait apparaitre des éléments, des indices qui nous transportent vers la finale du récit. Même si certains doutes m’habitaient quant à l’identité du coupable, à quelques pages de la fin, je me posais encore des questions. Donc, pari réussi pour l’auteure!
«Les blessures du silence» est un très bon suspense psychologique qui vous tiendra en haleine. J’ai aimé ma lecture et je vais suivre la carrière de cette auteure avec intérêt. Et peut-être, pourrons-nous retrouver, bientôt, Antonia Scarone dans une nouvelle enquête ? Qu’en pensez-vous, Sandra Martineau ?
Bonne lecture !
Les blessures du silence
Sandra Martineau
Le Cercle Sixto
2013
312 pages
J'écris, tu lis, il, elle, on corrige, Nous partageons, vous aimez, ils ou elles critiquent. La vie d'un livre passe par toutes ses étapes, et quel bonheur de vivre ça avec vous ! L'écriture in...
Le site de l'auteure
Avec ses polars, Sandra Martineau dévoile son côté sombre
Entretien Sandra Martineau, auteure, sort son troisième roman Les blessures du silence. Polar, roman noir, thriller, comment peut-on définir le mieux votre style ? En fait, j'oscille entre le polar
http://www.ouest-france.fr/avec-ses-polars-sandra-martineau-devoile-son-cote-sombre-1655132