14 Octobre 2013
L’enfer sur terre ! Voici comment je résumerais «L’or de Quipapa», roman d’Hubert Tézenas, publié aux éditions L’Écailler.
Prenez un homme, tout ce qu’il y a de plus ordinaire, Alberico Cruz qui s’occupe de louer des appartements. Avec beaucoup de rêves mais peu de moyens et d’ambitions, il vit au jour le jour dans l’anonymat le plus complet. Vous le verriez sur la rue que vous ne vous douteriez pas que ce monsieur est le héros d’un roman.
Prenez maintenant un pays, le Brésil, en pleine crise économique. La violence et la corruption règnent en maîtres, les grands propriétaires terriens ont droit de vie ou de mort sur leurs travailleurs et la ville sent la pauvreté. La saleté des quartiers mal famés vous prend à la gorge.
Regardez cet homme pour qui soudain, tout bascule !
Il est témoin d’un meurtre. Il en devient le principal suspect. Et pourquoi n’en deviendrait-il pas le coupable ?
Voilà l’enfer noir dans lequel notre anti-héros se retrouve du jour au lendemain. Il n’est pas préparé à ça, il doit réagir, car à son corps défendant, il est projeté dans ce tourbillon démoniaque. Lui, l’homme ordinaire, le voilà plongé dans une situation extraordinaire ! Alors, dans une prison infecte, sous la torture, il signe des aveux complets; on lui a fait avouer le meurtre du syndicaliste Policarpo, malgré son innocence.
Les Carvhalo sont de riches propriétaires terriens; Kelbian le fils étouffe sous la pression que lui met son père. Il vient d’être nommé directeur du personnel et il doit couper la moitié du personnel des plantations et de la distillerie. Inutile de dire que le syndicaliste Policarpo veut lui mettre des bâtons dans les roues. La solution ultime s’impose. Kelbian a des ambitions: avec Tiago, son demi-frère, il «exploite» une mine et surtout, les mineurs qui y travaillent. Encore plus esclaves que les travailleurs de la distillerie, les mineurs sont carrément prisonniers dans des conditions épouvantables.
Enfin, un journaliste qui suit l’affaire des Carvhalo, Osvaldo Lamenza croit à l’innocence d’Alberico et lui promet son aide. La seule manière de l’innocenter, c’est de prouver la culpabilité de Kelbian Carvhalo. Parviendront-ils à gagner leur pari de vaincre le pouvoir et l’argent et de faire triompher la vérité ?
Hubert Tézenas réussit sa première entrée dans le monde du roman noir. En situant son roman dans ce Brésil plein de contradictions, il met en place un combat, une lutte de classes entre l’homme ordinaire et celui qui détient le pouvoir. Cette critique sociale d’un monde où la vérité tient peu de place, où l’honnêteté est une valeur purement optionnelle, l’auteur en écrit un conte qui ressemble à de nombreux endroits de notre planète actuelle.
Le roman nous entraine dans un rythme endiablé grâce à des chapitres courts où les narrateurs différents et les phrases courtes et puissantes, nous frappent de plein fouet. Grâce à son style nerveux et imagé, l’auteur fait appel à tous nos sens de lecteur: nous voyons le pays, nous sentons l’odeur de la bagasse, nous ressentons la douleur des tortures et nous vivons la peur du petit face au pouvoir du grand. Une expérience intéressante, un très bon roman noir.
«L’or de Quipapa» est le premier roman d’Hubert Tézenas. Son roman a de la gueule même si il n’est pas parfait. À découvrir ... même si je crois que le meilleur est à venir.
Bonne lecture !
L’or de Quipapa
Hubert Tézenas
L’Écailler
2013
205 pages
k-libre - auteur - Hubert Tézenas
Naissance à Paris . Hubert Tézenas est normalien, mais son plus haut fait d'armes académique est d'avoir été renvoyé de Science-Po trois mois après son admission en 1984. Il plaque tout sur ...
http://www.k-libre.fr/klibre-ve/index.php?page=auteur&id=611
Sa biographie sur K-Libre