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27 Août 2013
Quand le polar devient western ! Un western noir, où le sable de la plaine frappe les yeux et recouvre le sang qui coule. Un roman au coeur d’une Afrique du Sud en mal de son après-Apartheid, où la haine, la violence, la corruption côtoient les rites et croyances séculaires ... et nouvelles. Roger Smith nous confirme avec ce troisième roman qu’il est de la trempe de son concitoyen, Deon Meyer, qu’il devient de plus en plus un grand écrivain, un auteur qui mérite qu’on s’y arrête.
«Le sable était brûlant» est intense, dur, violent et passionnant. Les personnages sont à l’avenant. L’histoire, très bien racontée, nous happe dès le début. On se laisse prendre au filet et rien ne peut nous déprendre. Tensions garanties !
Robert Dell est accusé du meurtre de sa famille lors d’un accident d’auto où sa femme et ses enfants meurent ! Les preuves sont accablantes mêmes si elles sont bancales. Cependant le lecteur sait que cet accident est un attentat déguisé.
Inja Mazibuko est un mercenaire, un flic zoulou, chef de tribu, au service d’un politicien corrompu. Il doit «gérer» cette situation. Il a orchestré cet accident parce que la femme avait été témoin d’un meurtre qu’elle n’aurait pas du voir. Il a hâte que tout cela se termine car il se mariera bientôt ! Avec une jeune vierge qu’il a achetée. Il est sidéen et il croit que déflorer sa très jeune fiancée, le guérira définitivement de sa maladie. Sunday, la jeune fiancée, vendue par sa tante Ma Beauty, cherche tous les moyens de fuir ce mariage qui semble inéluctable.
Mais, il faut aussi compter sur Disaster Zondi, un flic à la retraite qui a reçu un étrange message, un faire-part ! Un homme, un visage qui lui dit quelque chose ! Et une jeune fille, une très jeune fille. Il comprend vite qu’on ne l’invite pas au mariage ... «L’invitation était d’un tout autre ordre.» Il ressent cet appel, ce retour à la maison qui va sûrement se transformer en confrontation. Mortelle ?
Le père de Robert Dell, un ancien agent de la CIA, organise son évasion de la prison. Ils tenteront, avec leurs maigres moyens, de prouver l’innocence du fils, en incriminant le vrai coupable.
Tout ce monde se dirige vers le lieu de la confrontation, vers le moment terrible où le face à face devra se produire. Où le sable brûlant pourrait se teinter de rouge, la couleur du sang, de la vengeance et de la culpabilité.
«Le sable était brûlant» est un roman passionnant qui vous captivera du début à la fin. Chaque personnage fonce à 200 à l’heure vers son destin, ce choc violent que l’on attend avec impatience mais qu’on veut aussi retarder juste pour le plaisir de l’attente. Cette explosion finale nous laisse pantois. On adore ce roman...
Roger Smith m’avait déjà conquis avec «Mélanges de sang». «Le sable était brûlant» confirme sa place dans la liste de mes auteurs préférés. Son écriture efficace, violente mais toute en nuances, ses touches d’humour mais aussi ses descriptions sans compromis des paysages de son pays, sont des éléments qui peuvent plaire à beaucoup de lecteurs. Et surtout, on apprécie son portrait de la société sud-africaine, prise entre la modernité et les croyances ancestrales de certaines tribus, cette «terre de vengeances shakespeariennes.»
Alors, n’hésitez pas à découvrir cet auteur ! Je vous souhaite un bon voyage en Afrique du Sud.
Quelques extraits:
«Il eut un regain d’optimisme. Son union future avec cette nouvelle épouse apaiserait les ancêtres, rétablirait l’ordre naturel des choses. Mettrait un terme à cette série de malchances. Extirperait le démon de son sang.»
«Zondi pouvait entendre les cuisses massives de l’inconnu dialoguer à voix basse à chaque pas qu’il faisait.»
«Incapable de résister à la tentation, il frotta la savonnette sous l’eau, chassa les innombrables images de trous du cul et d’entrejambes que le savon avait visités et se savonna le corps, les piqures de punaises de lit telles du Braille sous les doigts.»
Bonne lecture !
Le sable était brûlant
Roger Smith
Calmann-Lévy
2013
339 pages
A le voir, comme çà, dans le hall d'un grand hôtel lyonnais, une poussette devant lui, avec un charmant bambin assis dedans, on a du mal à croire que ce gentil père de famille produit une écr...
http://la-vie-en-noir.blog.lejdd.fr/2013/04/03/le-sable-etait-brulant/
Un article plus qu’intéressant sur Roger Smith, l’Afrique du Sud et le roman «Le sable était brûlant».