29 Juillet 2013
« Ici, tout le monde est de passage."
La découverte de nouveaux auteurs nous réserve parfois de belles surprises. Comme lecteur, plein d’attentes, avec l’espoir de faire une rencontre marquante et d’en faire profiter les gens qui m’ entourent ... et mes lecteurs du blogue.
Elsa Marpeau a été l’une de ces surprises. Son roman, déroutant, sort des sentiers battus et peut parfois déconcerter le lecteur non averti. Globalement, j’ai beaucoup aimé ce roman et ce, pour plusieurs raisons. Pourtant, à certains moments durant ma lecture, je me suis demandé dans quel univers je me retrouvais! Si l’auteure voulait gêner le lecteur, elle a parfaitement réussi.
Pour ma part, je me suis senti voyeur ! Surtout à cause du fait que le personnage principal porte le même prénom que l’auteure, que «L’Expatriée» aurait pu s’appeler Elsa Marpeau et que comme lecteur, cette situation m’a mis mal à l’aise. À la fin de ma lecture, j’ai compris que je m’étais laissé prendre au jeu. Elsa Marpeau m’avait eu !
«L’Expatriée», c’est l’histoire des étrangers qui se retrouvent à Singapour: les maris travaillent mais leurs femmes s’ennuient sur le bord de la piscine du «ghetto doré» dans lequel elles se confinent. Ennui, ragots, jalousies et frivolités tartinent leur tranche de pain au quotidien. Et cela, entourées et chouchoutés par leurs servantes-esclaves philippines.
Elsa vient rejoindre son mari avec son bébé; elle est écrivaine et profitera de son séjour pour écrire son prochain roman. Très vite, elle est happée par le climat singulier de son entourage: chaleur du temps et froideur des relations sous un vent de désoeuvrement. Terreau propice pour la romancière !
Puis, un beau matin, il est arrivé ! Beau, grand athlétique, mystérieux, l’Arabe blond peuple l’imaginaire de toutes ces Françaises en attente de ... ! Le savent-elles vraiment ?
L’amour s’installe immédiatement. Nessim, l’Arabe blond devient son amant ! La passion habite maintenant le coeur et le corps d’Elsa. Jusqu’où cette passion les emportera-t-elle ?
Puis, le crime arrive ! Nessim le bel Arabe est assassiné de plusieurs coups de couteau. L’enquête débute. Elsa est au centre des soupçons. Le petit monde d’expatriés s’agite. Et le lecteur, par l’entremise du regard et de la pensée d’Elsa, assiste à cette drôle d’enquête où les rumeurs, les suppositions, les rancunes, les envies ou tout simplement les vengeances alimentent la recherche du coupable. Elsa, sous le joug de sa servante Fely et de ses «amies» Salma et Lidivine, se laisse emporter par cette tempête incontrôlable, tanguant comme une barque au milieu d’une mer agitée. Qui nous amène, de vague en vague, vers une finale à la hauteur du reste du roman: surprenante et déconcertante.
J’attendrai donc, avec impatience, la sortie du prochain roman d’Elsa Marpeau, autant pour la qualité de son écriture ( allez lire les extraits à la fin de la chronique) que pour voir comment elle réussira à nous surprendre.
Chers lecteurs, malgré quelques confusions dans le texte (dues à l’histoire ou aux confusions du personnage ???), je vous recommande la lecture de ce roman. Ce roman sort des sentiers battus; on sent que l’auteure a pris des risques pour nous offrir un roman hors de l’ordinaire. On demande souvent aux auteurs de nous surprendre, de nous faire vivre des émotions différentes. Et bien, Elsa Marpeau a très bien répondu à cette requête.
Quelques extraits:
« Ici, tout le monde est de passage. En partance ou en provenance d’un autre pays. Le rythme soutenu des départs exige de la souplesse de caractère. Les fréquentations sont provisoires, personne ne se risque à une dépense superflue de sentiments. On économise les élans du coeur. On prise l’inconstance des attachements. On forme des alliances réversibles. Si l’ennui engendre une malveillance de circonstance, la chaleur vient rapidement à bout des volontés. Elle fait régner en maîtres l’indécision et la frivolité.»
« Mais j’ai fini par comprendre qu’au fond rien de tout cela m’importait. Alors, je me suis débarrassée du superflu: mon mari, ma maison, ma télé. Je n’ai gardé qu’une chaise. C’est plus pratique pour s’asseoir.»
« Je mens pour mentir. Parce qu’il y a un moment où mentir est une politesse.»
« J’ai eu envie de leur raconter l’immensité du monde que l’Arabe blond savait ouvrir. Et que ces rails, ces routes, ces docks, ces aéroports justifiaient sans doute un peu de sang.»
Bonne lecture !
L’Expatriée
Elsa Marpeau
Série noire Gallimard
2013
258 pages
http://www.20minutes.fr/livres/1128519-20130330-l-expatriee-elsa-marpeau-chez-gallimard-paris-france
"L'expatriée" de Elsa Marpeau chez Gallimard (Paris, France)
Résumé "Plus tard, je me souviendrai de la nuit d'encre de son regard. Mais pour l'heure, en ce 1er juillet, l'impression s'estompe. Je suis happée tout entière par l'apparition qui, à l'autre...
http://www.20minutes.fr/livres/1128519-20130330-l-expatriee-elsa-marpeau-chez-gallimard-paris-france
Elsa MARPEAU | Agence Lise ARIF
Romancière à la Série Noire, Elsa Marpeau est scénariste, généralement de polars ou de fictions historiques. - Les yeux des morts, roman, Série Noire (Gallimard), 2010. Prix Sang d'encre des...
http://www.agencelisearif.fr/auteur-realisateur/elsa-marpeau/