Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.
29 Août 2013
Petite pause de la littérature policière avec un très beau roman d’une auteure amérindienne du Québec. «L’amant du lac» est le deuxième roman de Virginia Pésémapéo Bordeleau, une métisse crie, poète et peintre.
Ce petit roman envoûtant nous plonge dans l’Abitibi profonde où l’auteur situe cette histoire d’amour intense, torride et passionnée entre une jeune Algonquine Wabougoumi et Gabriel, un métis.
Dépassant le roman didactique sur les us et coutumes des Amérindiens, l’auteure nous décrit avec passion et poésie, la montée grandissante du désir, l’amour euphorique et la danse des corps à la recherche du plaisir de l’autre.
Séduit par les mots et les images, emporté par la poésie et charmé par les gestes, le lecteur survole le récit comme un voyeur culturel, en extase devant la beauté des phrases. De plus, les descriptions colorées et sensuelles des différents paysages de l’Abitibi, font de cette région un personnage central de cette histoire d’amour. Les mots de l’auteure éveillent nos sens, provoquent la rêverie et subliment les désirs. Le lecteur se sent immergé dans ces paysages, ces frôlements, cette douceur.
Virginia Pésémapéo Bordeleau a écrit une histoire d’amour simple mais malheureusement impossible. Les moments de poésie, les dessins de l’auteure et l’atmosphère sensuelle font de ce roman, un petit bijou de lecture. «L’amant du lac» est un tableau vivant, rempli de mots et d’images, de dessins, qui par osmose, vient toucher notre âme d’un effleurement poétique.
Je vous invite donc à lire ces quelques extraits qui vous donneront une idée des sensations provoquées par la lecture de «L’amant du lac».
«Un parfum de sève, sucré et frais, mêlé à celui de la vase flottait jusqu’à lui. Il ferma les yeux, distingua l’effluve des peupliers et des sapins qui se tordaient sous les rafales. Il écoutait le murmure de la forêt au-delà des craquements des branches, il entendait le souffle profond des sous-bois palpitants et le poids sur la mousse des pas de lièvres poursuivis par les lynx, les loups, les renards; le raclement des gorges asséchées des victimes et des prédateurs, le cri étouffé de la proie, les battements d’ailes des perdrix mâles juste avant l’accouplement, les gémissements de l’ourse dont les tétines se gonflent de lait pour la portée.»
«Je suis un homme aux mouvements liquides
Une rivière qui se couche en cherchant un nouveau lit chaque nuit
Je cours vers le fleuve là-haut loin vers le nord
Derrière la ligne de partage des eaux ...
Les amours comme des bois morts me griffent le dos
Je dois poursuivre ma vie d’eau
car même si tu me bois
Que tu m’as bu
Je m’échapperai encore et encore ...»
«Puis les missionnaires, après des siècles d’acharnement, avaient réussi à implanter leur foi dans le coeur des Anishnabegs ... Ces Robes noires qui reniaient le plaisir des corps avec leur religion dressée en croyance unique et universelle, en créant un clivage dans leur esprit. Introduire le sens du mal avait été leur plus grande victoire, à ces damnés de l’amour.»
Bonne lecture !
L’amant du lac
Virginia Pésémapéo Bordeleau
Mémoire d’encrier
2013
137 pages
L'auteure nous présente ses deux premiers livres.
Bordeleau, Virginia - Galerie Beauchamp
Virginia obtient un baccalauréat en arts plastiques de l'Université du Québec en Abitibi en 1988. Sa démarche artistique, issue de son milieu de vie, de la terre qui la nourrit, la motive à cr...
http://www.galeriebeauchamp.com/art/fr/artist/bordeleau-virginia
Pour voir les peintures de Virginia Boredeleau