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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

"Va chercher" le roman de Geneviève Lefebvre

"Va chercher" le roman de Geneviève Lefebvre

Êtes-vous comme moi ? J’aime certains auteurs, inconditionnellement. Plus que l’histoire, plus que l’intérêt du récit, on ouvre le livre et on sait d’avance que ça va nous plaire. Quelle que soit l’histoire, le récit sera tellement bien écrit, que l’on se laissera charmer par le style et l’écriture de l’auteur. J’avoue que j’ai quelques auteurs qui me font cet effet, des auteurs de qui on attend avec impatience le prochain roman. Dès qu’il arrive, on saute sur la première page, on dévore goulument le livre et la dernière page tournée, on se met à espérer le prochain.

Voilà ! Geneviève Lefebvre fait partie de ma liste de ces romanciers et romancières de qui j’attends toujours LE PROCHAIN.

Après « Je compte les morts » et le magnifique « La vie comme avec toi », voici « Va chercher. L’insolite destin de Julia Verdi ». Encore une fois, Geneviève Lefebvre réussit à surprendre son lecteur.

« Va chercher » n’est pas un polar, ni un roman policier !

« Va chercher » met en scène des humains … avec leur chien !

« Va chercher » pourrait être un roman de filles et pourtant il est tout, sauf un roman de filles !

« Va chercher » raconte une bonne histoire ! Et en plus, comme tout ce que fait l’auteure, il est super bien écrit !

Julia Verdi est une jeune femme moderne, carriériste, battante et toujours prête à en découdre avec ses clients. Elle réussit tout. Sauf ses amours ! Dépendante affective, elle ferait n’importe quoi pour être remarquée, aimée. Cependant, ce talent pour être aimée par l’autre, elle ne l’a pas développé. Pire encore, elle n’a aucune aptitude pour la remise en question, l’introspection et l’auto-analyse.

Le roman commence par un rejet, sur un coin de rue, sans autre forme de préambule. Rejetée ! Comme une vieille chaussette. Trouée !

Puis, de retour d’un voyage d’affaires, elle décide de renouer contact avec un amour de jeunesse ; un de ceux qu’elle avait elle-même rejeté, sans trop de justifications. Encore amoureux, David Trueblood accepte de la revoir. Mais … ! Un chien s’interpose et transforme le destin des humains. Oui, un chien !

Juste après ces événements, un autre chien viendra s’immiscer dans la vie de Julia. Un soir, attachée à un lampadaire, une jeune chienne est laissée à l’abandon ; elle est blessée. Elle saigne.

Julia n’aime pas les chiens. Mais, de fil en aiguille, les grands yeux tristes de l’animal deviennent son passeport vers l’appartement de Julia. Et là, tout bascule dans la vie de la nouvelle « locataire » du chien. Propriétaire, non jamais ! Julia fera tout en son pouvoir pour remettre la chienne à une famille aimante.

Commence alors, un superbe dialogue silencieux entre la bête et l’humain, dialogue qui amène Julia à des prises de conscience pas évidentes pour elle. Instrument contre la solitude, entrée en matière pour nouer des contacts, Fille (c’est le nom de la chienne) se fait plein d’amis canidés... Dans le parc à chiens, entre les courses à l’emporte-pièce et l’odeur du derrière des autres chiens, Fille devient entremetteuse au profit de sa maîtresse temporaire : Rosario le voisin gai, miss Manga la vétérinaire, Rodolphe le jeune étudiant et monsieur Saad, psychiatre à la retraite, viennent peupler ce petit monde, mélange de deux et de quatre pattes.

Voilà comment l’immense talent de Geneviève Lefebvre va se manifester. En plus de 280 pages, avec un style jubilatoire, des phrases touchantes, des moments de tendresse et d’émotion, elle nous trace un portrait troublant des changements profonds de son personnage central. Chaque page nous amène son moment particulier, cette phrase qui nous émeut ou cette idée qui nous chamboule.

Geneviève Lefebvre est une artiste du clavier pour endimancher les mots et en faire des phrases qui chatouillent l’esprit de son lecteur. Laissez-vous transporter jusqu’au pays de la poésie … canine !! Comme par exemple, le moment tendre où Fille accueille Zéphyr lors de cet improbable rendez-vous !

Voici quelques extraits, juste pour vous montrer ce que vous aurez manqué si vous ne lisez pas « Va chercher. L’insolite destin de Julia Verdi » :

« Il était donc dans le désordre des choses que ce soit un revirement du destin, aussi ardu qu’extraordinaire, qui lui vaille de trouver ce qu’elle avait cherché toute sa vie au moment précis où elle était convaincue d’avoir tout perdu … »

« Comme la vie est étonnante lorsqu’on oublie d’avoir peur. Comme la vie est étonnante quand on se laisse surprendre par la soie fine d’une oreille de chien. »

« Je ne sais pas si les mecs qui se cachent derrière leurs chiens sont conscients qu’ils sont aussi nus que le roi de l’histoire. »

« Quand on croit que ça ne vaut pas la peine de parler, d’écouter, de réfléchir, quand on pense que le traumatisme est si grand qu’il est trop tard pour sauver quelqu’un, que cette personne, cette âme, est dans un tel état qu’elle est perdue pour toujours, engloutie, c’est à ce moment-là, précisément, que ça en vaut la peine. »

Et la dernière, je m’en excuse ! Seul les personnes qui auront lu le roman peuvent l’apprécier … mais je l’aime tellement : « La note d’espoir, c’est pour les sourds et les malentendants. Pour les autres, il y a le parmiggiano reggiano. »

Bonne lecture !

Va chercher.

L’insolite destin de Julia Verdi

Geneviève Lefebvre

Libre Expression

2014

274 pages

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S
Merci pour ce partage . <br /> Bonne continuation
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R
C'est toujours un plaisir ! Merci pour votre commentaire !
A
Quel titre ! Qui nous incite à aller chercher ce roman.
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R
Un roman qui répond aux attentes que ce titre provoque !<br /> Merci Alex !
É
Ahh… Geneviève Lefebvre. Je salive comme si Pavlov était sur mon cas!
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R
Tu m'en donneras des nouvelles !!<br /> Bonne lecture, chère amie !